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Holocauste au Congo : un vrai livre enquête ou une simple dissertation ?

Les femmes congolaises victimes de viol comme arme de guerre peuvent-elles compter sur le livre Holocauste au Congo pour amplifier le plaidoyer en leur faveur ? Les proches des centaines de milliers de morts congolais de différentes guerres de l’Est peuvent-ils aussi compter sur ce livre dans leur quête de justice ?

Le livre Holocauste au Congo du Camerounais Charles Onana a reçu un bon accueil en RDC, surtout dans les milieux des jeunes membres de la société civile. Mais je doute que ce soit le document sur lequel doivent s’appuyer ceux qui sont à la recherche de la vérité. Je m’explique.

De bout en bout, le livre présente les différentes guerres meurtrières dans l’est de notre pays comme une simple affaire de velléités hégémoniques des populations rwandophones venues tout droit du « pays des mille collines ». En outre, il part du postulat que dans leurs désirs de domination, ces populations rwandophones se sont alliés aux Etats-Unis et à la Grande Bretagne, en vue de la mise en œuvre d’un plan d’envahissement du Congo au détriment des citoyens congolais et de la toute-puissance de la France dans la région des Grands lacs. Le livre occulte la part de responsabilité des leaders congolais dans ces différentes guerres. Il occulte aussi la responsabilité de la France dans la mauvaise gestion des conséquences du génocide rwandais sur la sécurité globale dans la partie Est de notre pays. Plus encore, il ne met pas assez en lumière le fait que le régime de l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana avait mis en place un système d’exclusion d’une partie de la population concernant la gestion du pays. Lequel système a poussé les exclus à prendre les armes pour tenter de chasser Habyarimana. Et le tout s’est terminé par un génocide.

Les guerres du Congo menées par le Rwanda avec la complicité des  leaders congolais

Le régime du président Kagame a toujours su habilement travailler de concert avec des leaders congolais pour pouvoir mener ses offensives ici et là et s’en tirer à bon compte. Toute personne en quête de vérité devrait le savoir. La responsabilité des crimes est donc partagée entre celui qui règne à Kigali depuis près de trois décennies et les assoiffés du pouvoir qui lui ont tendu la main dans l’espoir de réaliser ce qu’avait réussi Laurent Kabila, à savoir : s’entourer d’officiers militaires rwandais et ougandais pour prendre Kinshasa.

L’insécurité dans l’est de la RDC n’a pas pour unique origine la problématique de l’intégration des populations rwandophones

Les spécialistes de la dynamique des conflits dans la partie Est de la RDC me donneront sans doute raison : ce n’est pas parce que des réfugiés rwandais d’ethnie tutsie ont été chassés de leur pays que plusieurs décennies plus tard on ait assisté à une série de guerres très meurtrières au Congo. C’est la combinaison de plusieurs facteurs : crise de légitimité des institutions, crise économique, conflits tribaux non résolus, impunité des uns, sentiment d’exclusion des autres, lutte d’influence entre grandes puissances… Bien entendu il y a une grande part de responsabilité du régime de Kigali qui a toujours su jouer sur tous ces facteurs pour « tirer son épingle du jeu ».

Le livre de Charles Onana, un outil de sensibilisation

Je reconnais que le livre de Charles Onana est un bon moyen de sensibiliser ceux qui ne comprennent rien à ce qui se passe chez nous depuis si longtemps. Il peut être un premier moyen de susciter l’intérêt et d’ouvrir un débat. Ce débat qui n’est pas uniquement congolo-congolais, mais un débat mondial : comment on gère les contrecoups d’un événement tragique majeur tel que le génocide rwandais ?

 

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