Cependant, arrivé à terme, la Révolution de la modernité n’est pas si visible qu’on nous l’annonçait. Si à Kinshasa, on peut voir des routes et bâtiments construits et/ou réhabilités ; dans d’autres provinces il n’en est pas de même. Dans la nouvelle province du Kwango, province périphérique de la ville de Kinshasa, la population n’entend pas cette révolution de la même oreille. Là-bas, on ne connait même pas le sens de cette phrase qui pour eux, semble venue tout droit de Mars. « c’est quoi encore ça ! » disent les uns, « est-ce un nouveau candidat président ? » demandent les autres. Parmi la population, ceux qui y comprennent quelque chose sont peu nombreux.
La souffrance des oubliés
« Pour tout un village, le réseau mobile n’est accessible qu’aux alentours d’un arbre : le Réseautier. »
La vraie raison est que là-bas on n’a pas vu les bulldozers de cette fameuse révolution, ni ses tracteurs pour l’agriculture mécanisée. La population se contente de la traction animale, comme au moyen-âge ! Pire encore, les sociétés de télécommunication semblent ne pas connaitre ce coin du pays. Pour tout un village, le réseau mobile n’est accessible qu’aux alentours d’un arbre : le « Réseautier » (surnom donné à cet arbre, seul endroit où il y a le réseau mobile). Tout le village s’y retrouve pour pouvoir bénéficier de ses fruits (le réseau mobile) et communiquer avec leurs proches. Quant à l’eau, la REGIDESO (Régi de Distribution d’Eau) n’existe que de nom dans ces « villes-villages », les mêmes rivières qui leurs servent de douches, sont aussi utilisées comme abreuvoir.
Ce à quoi il fallait penser…
Pourquoi ne bénéficient-ils pas de la révolution de la modernité? Ne sont-ils pas sur la carte de la RDC ? Sont-ils moins humains que nous autres pour vivre ainsi ? Il y en a combien au Congo, ces villes et villages qui sont dans cet état avant de juger ce programme comme étant un succès ? Les questions à se poser sont légions.
Nos cris d’alarme
« Beaucoup de choses restent à réaliser. Le pays est toujours un gigantesque chantier. »
« Monsieur le président, là-bas, on ne connait pas la Révolution de la modernité ». Nous n’estimons pas juste que ce programme se termine avec une note positive comme l’annonce le gouvernement. Beaucoup de choses restent à réaliser. Le pays est toujours un gigantesque chantier.
Si la Révolution de la modernité peut être remarquée par l’installation en masse de caméras de surveillance publique, l’enregistrement des abonnés des compagnies de téléphonie mobile et la surveillance des comptes de jeunes activistes sur les réseaux sociaux, elle devrait aussi l’être sur le plan démocratique : le respect de la constitution, la protection des vies et droits humains… car la modernité n’est pas que matérielle et espionne, elle est aussi mentale et bien faisante.