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RDC : l’intellectuel congolais a la responsabilité de résister à des dérives

« Tu connais mon niveau ? », « Sais-tu qui je suis ? » Des phrases devenues courantes à Lubumbashi à chaque altercation entre des personnes dont l’une s’estime plus instruite ou mieux placée socialement que l’autre. C’est peut-être cela l’intellectuel congolais. Pourtant, ces intellectuels ne sont que des crieurs et des observateurs passifs dont les doigts ne sont là que pour pointer les maux du pays. Ils devraient agir, pourtant…

L’intellectuel congolais n’assume presque plus grand-chose. Les crises économico-financières, institutionnelles ou alimentaires sont les plus connues des Congolais. La peur, la pauvreté, la répression des libertés citoyennes et les violences ne se comptent plus. Que font les intellectuels ?

La classe des évolués née de la fracture entre Blancs et Noirs dans l’histoire de la colonisation fait débat. Le type d’évolués dont regorge la RDC se montre en rupture avec les réalités qui voudraient que le pays jouisse de l’apport de ses intellectuels.

Des professeurs et des diplômés produits annuellement par milliers dans les universités, c’est tout ce que le pays parvient à réaliser sans interruption. Mais, selon le ministre Steve Mbikayi, « la RDC a besoin d’au moins 200 professeurs d’université chaque année pour combler le déficit existant sur le nombre d’enseignants pour l’ensemble du pays ». Pendant ce temps, les chômeurs s’additionnent parmi les rangs des intellectuels qui se disent de haute facture. Mais demandons-nous aussi ce que sont devenus nos intellectuels durant près de 60 ans de fonctionnement des universités ? Pourquoi manque-t-on si gravement d’enseignants ?

Où est la résistance des intellectuels ?

Il faut dire également que l’intellectuel n’est pas tout détenteur d’un diplôme. Le politologue Fweley Diangitukwa le dit clairement et dénonce certains choix des dirigeants tendant à tout confondre : « Parmi les diplômés que nous rencontrons, combien ne disposent que d’un savoir limité aux notions apprises ? Ils appartiennent – du fait même de leur médiocrité – à la catégorie de ceux qui sont dépourvus de pouvoir. Mais paradoxalement, le régime en a besoin, il encourage même leur médiocrité qu’il exploite comme occasion de chantage, pour obtenir ainsi leur inconditionnelle abdication, en tant qu’hommes et citoyens, face au pouvoir. » Refermons la parenthèse sur cette mise au point.

L’intellectuel est responsable de l’allure que prend son pays. Mais il ne faut pas rêver : seul, il n’est capable d’aucun miracle. Et puis, intellectuel c’est toujours comme un mot collectif. C’est avec l’idée que la science, comme une lumière des nations, éclaire leur devenir. Difficile de ne pas penser à François Rabelais et son célèbre « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

Le chanteur ivoirien, Alpha Blondy dira pour sa part : « Science sans conscience n’est que ruine et larmes » ! Et voilà où en est la RDC. Puisque des professeurs d’université, prétendument grands intellectuels, sont auteurs des manœuvres qui tuent, pillent et paupérisent leurs concitoyens.

L’intellectuel, le vrai, devrait résister à toutes ces dérives. Autrement, il est difficile de se dire intellectuel le matin, et se retrouver le soir dans des conciliabules, des messes noires.

 


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Les commentaires récents (2)

    1. Lecture objective de la réalité congolaise. Comme suggestion, faut revoir les matières au programme de l’enseignement primaire et secondaire, car à mon avis, c’est la base.
      Cet élève mal insuffisant sur tous les plans hier, c’est lui qui sera cet intellectuel que vous decriez aujourd’hui et demain !