Aux IXè jeux de la Francophonie, l’artiste performeur Paul Malaba de Lubumbashi, a compéti dans la catégorie de création numérique. Et à travers lui, la RDC a remporté la médaille d’argent après avoir affronté en finale le Maroc, le Gabon et le Burkina Faso.
Avec le coach Blévin Nduengisa, Paul Malaba a choisi de travailler sur un thème d’actualité. Il était assisté de Mukadi Mbolela, très connu comme DJ Spilulu, ainsi que de Matt Mwehu, un passionné du numérique.
« La RDC est présentée comme pays solution contre la crise climatique, mais nous ne devons pas oublier que parallèlement, elle est aussi une solution contre la crise culturelle », explique Paul Malaba. Et d’ajouter : « Il s’agit pour nous de lutter contre les crises les plus présentes de notre époque : la crise climatique et la crise culturelle. »
Rituel numérique
Le thème est vraiment d’actualité. Il soulève la question du rôle de l’outil numérique dans un monde en proie à des problèmes de perte d’identités culturelles, mais soucieux de réussir sa transition énergétique. Tout se joue à trois niveaux : Malaba use de son corps pour renvoyer en temps réel, des effets mapping sur ses vidéos qu’anime Matt ; alors que, se servant de l’application Heavym, DJ Spilulu assure le fond sonore. Au final, ce sont des images en phase avec l’idée maitresse de la performance, qui sont produites et projetées.
« Rituel numérique » devient ainsi un médium dont se sert l’artiste pour remettre à la surface l’épineuse question de deux crises : climatique et d’identités culturelles. Pour lui, « il n’est pas question que le numérique soit une voie ouverte à la perdition des identités culturelles ». Ce qui n’est pas loin de la pensée d’Aimé Césaire, quand il disait : « Pour être universel, il faut d’abord admettre que l’on est nègre ! » En gros, il s’agit de savoir définir ce que l’on apporte dans ce rendez-vous du donner et du recevoir voulu par un monde globalisant, lui-même, en proie à la crise climatique.
Si dans ses mouvements, l’artiste emploie certains faits et gestes qui rappellent nos rituels ancestraux, c’est pour lui, une façon d’affirmer que l’Afrique ne peut pas ne pas être au rendez-vous d’un combat qui touche l’humanité entière. Et, à ce titre, « l’Afrique peut, si on l’écoute, apporter une solution au remplacement culturel qui subviendrait de l’influence ou du rapport que nous nous faisons de la technologie numérique », soutient l’artiste. « Une formule tout aussi applicable sur la question du grand remplacement que subit le monde, en termes de biodiversité, d’environnement ou de climat », renchérit-il. Pour Paul Malaba, nature et culture vont ensemble et sont indissociables.
Le cocktail ainsi concocté, a payé illico, parce qu’il a rencontré la faveur du public et du jury. Paul Malaba a réussi à montrer à la face du monde que le Congo, la ville de Lubumbashi en particulier, ne manque pas de talents. « Nous sommes passés à côté de la médaille d’or, mais j’ai fini ces jeux la tête haute », écrit Paul Malaba sur sa page Facebook.
Lubumbashi peut ainsi être fière d’avoir des jeunes qui savent interagir avec l’outil numérique.