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Joe Biden : un président Fatshi-incompatible ?

L’issue de la tragicomédie électorale américaine fait-elle l’affaire de l’ancien président de la République démocratique du Congo Joseph Kabila ? Il devrait y avoir du changement à l’ambassade des Etats-Unis à Kinshasa…

Chacun voit midi à sa porte. Chacun scrute l’élection américaine à l’aune de sa situation nationale. Pour un Congolais, l’enjeu du match Biden-Trump n’était pas tant le départ d’un dénonciateur de shithole countries africains (« pays de merde »), ni l’arrivée d’un presque octogénaire jugé plus conciliant. Il n’était guère plus le premier accès à la vice-présidence américaine d’une femme, qui plus est une simili-Africaine-Américaine de parents d’origines jamaïcaine et indienne.

Fatshi, plus à l’aise avec l’administration Trump que Biden ?

Le niveau d’analyse des politiciens de RDC se situe plutôt au niveau des chancelleries… Si le sort de Donald Trump préoccupe sans doute peu les partisans du président congolais, Félix Tshisekedi aurait sans doute préféré, en pleine tentative de recomposition des alliances politiques congolaises, une bonne dose de stabilité au niveau de l’ambassade des Etats-Unis à Kinshasa. C’est que dans le tango du « Je t’aime moi non plus » américano-congolais de ces dernières années, Son Excellence Mike Hammer était censément moins proche de Joseph Kabila que de l’actuel locataire du palais présidentiel de RDC.

Nommé en septembre 2018 mais arrivé quelques jours seulement avant l’élection présidentielle, le diplomate américain de 56 ans qui étrennait une première expérience africaine semble avoir choisi son camp congolais, en conformité avec le comportement glacial de l’administration Trump envers les kabilistes. Volubile, bavard et rebaptisé Mike « Nzita » Hammer, le « rond » ambassadeur faisait plutôt l’affaire de l’« enrobé » président congolais dont il est devenu un avocat zélé, voire un allié objectif. Une blague circule ainsi parmi les détracteurs du diplomate américain 2.0. : « En RDC, aujourd’hui, il y a cinq institutions : le président, le Parlement, le gouvernement, le pouvoir judiciaire et Mike Hammer. »

Evidemment, le sort de l’ambassadeur actuel n’est que le prisme à travers lequel les Congolais analysent les dernières années de relations congolo-américaines. Et c’est bien avant le mandat trumpiste qu’avait commencé le jeu du « je te tiens, tu me tiens, par la barbichette », dès le début du marathon électoral qui conduisit Fatshi au pouvoir. Même sous Barack Obama, l’administration américaine (du vice-président d’alors Joe Biden) dénonçait les risques de « troubles civils à Kinshasa » et gelait des avoirs de dignitaires congolais. De son côté, le régime kabiliste accusait les Etats-Unis de préparer  le « chaos » en République démocratique du Congo, dans la lignée d’« ingérences extérieures attentatoires à l’auto-détermination » ayant notamment permis « l’ignoble assassinat de Patrice Emery Lumumba ».

Le départ de Mike Hammer arrangerait les kabilistes

Obama et Trump partis, Kabila tapi dans l’ombre, il reste à savoir comment sera gérée l’ambassade américaine au Congo. Mais l’accession de Joe Biden à la Maison blanche apparaît, pour l’instant, comme un coup de massue sur le régime congolais et ses aficionados des réseaux sociaux, ou plus précisément un coup de « marteau » (« Hammer » en anglais). Les partisans de l’ancien raïs congolais si peu retraité, eux, anticipent déjà un rapatriement de Mike Hammer après l’investiture américaine du 20 janvier…

 

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