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Journée école morte : une polémique honteuse

La dernière trouvaille de l’opposition politique congolaise pour contraindre le président Kabila à respecter la Constitution et quitter le pouvoir après son deuxième et dernier mandat constitutionnel a surpris plus d’une personne. Une potion magique hors du commun : « journée école morte » !

Depuis près d’une dizaine d’années maintenant, chaque rentrée fait polémique, sur fond de chantage et de  menaces de grève des enseignants. Du coup, c’est devenu un jeu et les journalistes se déplacent tous les ans pour aller constater si la rentrée est « effective » ou pas ! Cette année pour ne pas rompre avec la règle et pour que la rentrée des classes soit comme tous les ans perturbée, l’opposition a jugé opportun d’appeler à une « journée école morte »… Un appel peu raisonnable mais qui ne surprend pas dans un pays où les questions liées à l’éducation sont prises avec une légèreté inimaginable.

Comme l’objet de la polémique était l’effectivité ou pas de la rentrée scolaire, nous avons donc été faire un tour dans les écoles, par simple curiosité et pour faire un constat : la journée école morte a-t-elle été respectée ?

Le Lycée Shaumba a eu sa rentrée scolaire effective, mais les cours n’ont pas commencé à l’heure habituelle, le temps de surmonter la psychose.

Si au Lycée Kabambare il y avait du mouvement, à l’école Saint Pierre située juste à côté, c’était comme le jour de blocus. Un parent rencontré sur place témoigne qu’un professeur est venu en laissant lui-même ses enfants à la maison. Les complexes scolaires Tshiteku dans la commune de Kinshasa ont non seulement repris les cours mais aussi appliqué la discipline en renvoyant les élèves qui n’avaient pas mis un nouvel uniforme.

Une enseignante du complexe scolaire catholique Angelanie me confie : « même s’il y a encore peu d’enfants, nous allons enseigner car, nous avons suivi l’ordre donné par la RTNC ». Elle rajoute en disant : « nous avons la chance car il y a d’autres écoles où les enfants ne se sont pas présentés, chez nous, il y en a au moins quelques-uns ».

Dans plusieurs écoles de Kinshasa, certains parents ne veulent pas tout de suite rentrer chez eux après avoir déposé leurs enfants. Alors ils restent là, faisant eux-mêmes la garde de leurs enfants. « On ne sait jamais », disent-ils ; mais le lycée Kabambare est formel : « dès qu’un enfant est entré, il ne pourra sortir qu’à l’heure de la fin des cours ».

Que faut-il retenir de cette journée ?

Cette journée est révélatrice des ambigüités de la société congolaise. Un parent d’élève rencontré, avoue qu’il ne savait pas comment se départager. Ses deux enfants n’étudient pas dans la même école. Pour l’un, la rentrée a été effective tandis que l’autre a dû rester à la maison. « Comment lui expliquer qu’il ne pouvait pas aller à l’école alors que son frère y allait ? » s’interroge le père désarçonné.

Les politiciens seront justes contents d’avoir « gagné » le bras de fer et de le prouver dans les medias. Peu importe si le succès de la mobilisation a été réel. L’opposition semble bien inconsciente d’appeler à des mobilisations qui pénalisent avant tout le citoyen lambda. Alors que le système éducatif se porte mal , que l’enseignant de la capitale croupis toujours dans la misère et que des milliers d’écoliers étudient encore à même le sol, il aurait peut-être été bon d’épargner nos écoles de ces querelles politiciennes.

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Les commentaires récents (1)

  1. vraiment la question est celle de savoir si les politiciens congolais se soucient -ils de nos enfants où ils visent beaucoup plus leurs intérêts personnels? quel est le rapport qui existe entre la rentre scolaire et le dialogue? ils doivent épargner nos enfants, petits frères au dispute politicienne.