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Kinshasa : l’hôtel de ville impuissant devant les nuisances sonores ?

Kinshasa devient invivable. Les pollutions sonores sont le quotidien de la capitale congolaise. A côté des décharges publiques nauséabondes sur plusieurs artères, les nuisances sonores deviennent insupportables. Pourtant, il y a deux ans, le gouverneur Gentiny Ngobila allait en guerre contre ce fléau. A-t-il abdiqué ?

Sur l’avenue Mushie à Lingwala, églises et terrasses se côtoient. Dès 17 heures, les bruits ambiants sont assourdissants. L’on assiste à des « battles » sonores entre les deux camps, chaque prédicateur évangélisant à sa manière. Sur cette avenue est également installée une institution d’enseignement supérieur qui propose une vacation soir. Peut-on vraiment étudier dans ces conditions ?

Ils rivalisent de vacarme

Les églises, comme les terrasses, ont leurs baffles donnant sur la chaussée. Responsable d’une église érigée sur cette avenue, le pasteur Roger (nom d’emprunt) explique : « Nous installons les baffles comme ça pour évangéliser. Même ceux qui sont dans les terrasses ont besoin du salut. »

Du côté des tenanciers de bars, l’argument ne passe pas. Ils accusent les églises de provocation. « Les dimanches matin, nous fermons pour laisser leurs cultes se tenir. Mais eux sont actifs du lundi au dimanche, même à nos heures de pointe », se plaint un responsable d’un bar.

Les autorités complices ?

Quand deux éléphants se battent, ce sont les herbes qui en pâtissent. Ici, ce sont les habitants de ces milieux qui sont victimes. Christian, un jeune récemment marié et père d’un bébé n’en décolère pas. Il est excédé par les nuisances sonores : « Trouver une maison à Kinshasa ce n’est pas facile. J’ai préféré la commune de Lingwala parce que je travaille au centre-ville. Mais avec ces bruits incessants de bars et d’églises, impossible de mener une vie paisible. Je me suis plaint plusieurs fois à la police, mais elle fait la sourde oreille. On sait que certains agents de la police prient dans ces églises et d’autres fréquentent ces terrasses. Ils ne peuvent être juges et parties. »

En effet, selon l’Institut national de recherche et de sécurité de France (INRS), « une exposition à un bruit intense peut provoquer des sifflements d’oreilles ou de bourdonnements (acouphènes) ainsi qu’une baisse de l’acuité auditive ». L’institut ajoute : « L’exposition prolongée à des niveaux de bruits intenses détruit peu à peu les cellules ciliées de l’oreille interne et conduit progressivement à une surdité irréversible. »

En RDC, les nuisances sonores sont régies par le décret n°14/012 du 8 mai 2014 portant réglementation de la production sonore en RDC. Il dispose dès son premier article : « Il est interdit sur toute l’étendue de la République démocratique du Congo de se livrer à toute activité susceptible de créer ou de provoquer des bruits qui, par leur intensité, leur fréquence et leur répétition, sont constitutifs de nuisances sonores. »

Aujourd’hui, sept ans après, aucune avancée n’a été enregistrée, bien au contraire. Se rend-on compte du mal que provoque ce fléau ? Veut-on créer une génération de sourds demain ? C’est maintenant qu’il faut agir.

 

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