La pâte d’arachide, beurre de cacahouète, appelée communément « Mwamba », est une excellente confiture que la population Kinoise utilise pour garnir le pain lors du petit déjeuner ou à d’autres moments de la journée. De sa production par les jeunes garçons à la vente par les mamans, il se cache des histoires plutôt étonnantes…
Le travailleur salarié classique du prolétariat congolais représente moins de 1% de la population kinoise. Faute d’entreprises pour embaucher la main d’œuvre, la population retrousse ses manches à sa manière. Tino et Eric se sont transformés en patrons dans l’industrie du beurre de cacahouètes.
Éric, 32 ans, a installé son business en plein air, devant une boulangerie afin de produire cette fameuse pâte. Un accord a été fait avec les vendeuses qui voient dans son commerce une valeur ajoutée qui leur permet d’écouler leur marchandise.
« j’ai observé le comportement des consommateurs de pains à l’époque où je vendais de l’eau en sachets…. J’ai fait des économies jusqu’à pouvoir m’acheter une première machine et deux kilogrammes d’arachides. Petit à petit, l’affaire a commencé à grandir et j’ai pu acheter cinq machines broyeuses » raconte le jeune entrepreneur.
Dans cette masse laborieuse, Éric n’est pas le seul à peiner pour trouver le pain quotidien. Nous rencontrons aussi ces femmes qui passent des nuits entières devant les boulangeries dans l’attente de leurs pains. Elles sont souvent servies vers 4 heures du matin.
«Nous passons souvent des nuits dans cette boulangerie, car ces mamans vendeuses de pains sont de bonnes clientes. Vers 3 heures ou 4 heures du matin, lorsqu’elles sont servies, elles aménagent une place pour dormir dans l’enceinte de la boulangerie », raconte Éric.
Malgré les conditions de travail difficiles, il y a une véritable vie sociale qui s’articule autour de ces activités. Les mamans se font aider par leurs enfants, souvent des filles pour moudre les arachides afin d’obtenir la « Mwambe ».
En couleurs ou en noir et blanc, ces femmes et jeunes hommes sont photographiés dans leur quotidien. Exclus du micro-crédit et du monde salarial, ils font eux-mêmes leurs économies. Une vie de labeur qui montre aussi la fierté d’un peuple ayant décidé de se prendre lui-même en charge.