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Kinshasa, le reflet de l’échec de la décentralisation

La centralisation des prérogatives de l’État en RDC a des répercussions sur la gouvernance locale et la répartition des responsabilités au sein des entités territoriales décentralisées (ETD). Ce phénomène se traduit par une concentration excessive du pouvoir exécutif au niveau du président et de son gouvernement, reléguant souvent les autorités locales à un rôle secondaire, voire symbolique.

Cette tendance est particulièrement visible dans la gestion quotidienne des tâches normalement dévolues aux communes qui en principe devraient être du ressort des bourgmestres ou des chefs de quartiers, mais qui sont accaparées par les représentants du pouvoir central.

A Kinshasa, les communes subissent cette situation plus que d’autres entités en raison du statut particulier de la capitale qui est à la fois ville et province, exacerbant la confusion des compétences. Les gouverneurs, censés être les représentants du pouvoir exécutif au niveau provincial, prennent souvent en charge des missions qui relèvent des maires et des bourgmestres. Ce qui crée un déséquilibre et un conflit de compétences.

Il n’est pas rare de voir des gouverneurs ou des ministres superviser des activités de nettoyage, de curage des caniveaux ou d’inauguration de petites infrastructures de base, des tâches pourtant inscrites dans les prérogatives des autorités locales. Cette pratique, souvent menée sous les projecteurs des médias, donne l’impression que ces représentants du pouvoir exécutif sont les seuls à pouvoir mener à bien ces missions, éclipsant ainsi le rôle des bourgmestres.

Des bourgmestres et maires déconsidérés

Cette centralisation excessive a un impact négatif sur la perception même des citoyens quant à la gouvernance locale. Les maires et les bourgmestres, déjà limités par des moyens financiers dérisoires, sont perçus comme inefficaces ou inutiles, car ils ne sont pas visibles dans l’exécution des tâches publiques. Le manque de rétrocession financière due aux provinces par le pouvoir central aggrave cette situation. Les bourgmestres se retrouvent souvent démunis, incapables de répondre aux besoins de leurs administrés faute de ressources, tandis que les gouverneurs ou les ministres, avec leurs moyens supérieurs, apparaissent comme les véritables acteurs de la gestion de la chose publique.

Ce marketing politique entretenu depuis des années, contribue à brouiller les lignes de responsabilités aux yeux des citoyens, qui finissent par considérer que toute action publique, même la plus simple, relève de la responsabilité du président de la République ou du gouvernement central. D’où l’origine de cette phrase reprise par de nombreux Kinois : président a talela biso likambu oyo (que le chef de l’État résolve ce problème).

Cela renforce un sentiment de dépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif central, fragilisant ainsi la décentralisation qui est pourtant une innovation consacrée par la Constitution de 2006. Ce n’est pas au président de la République de venir remplacer un câble électrique tombé, réparer une canalisation bouchée ; ou superviser la collecte des déchets. À chacun ses responsabilités.

 

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