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La Constitution de Luluabourg (1er août 1964)

Contexte de l’adoption

Après l’indépendance en 1960, le Congo est plongé dans une crise politique et militaire profonde. La Loi fondamentale de 1960, inspirée du modèle belge, installe un régime parlementaire faible, incapable de résister aux sécessions et aux rivalités internes.

En 1963, une Commission constitutionnelle se réunit à Luluabourg (aujourd’hui Kananga) pour rédiger une nouvelle Constitution censée renforcer l’État et assurer la stabilité politique.

Caractéristiques de la Constitution de Luluabourg

Un régime présidentiel fort

– Le président de la République devient chef de l’État et chef du gouvernement, élu au suffrage universel direct.

– Il nomme les ministres, dirige la politique de la nation et détient des pouvoirs étendus (ordonnances-lois, état d’exception).

– Le Parlement reste bicaméral (Assemblée nationale + Sénat), mais son pouvoir est réduit.

Un État fédéral

– Le pays est divisé en 21 provinces dotées d’une large autonomie.

– Chaque province possède son propre gouvernement, son budget, et une Assemblée provinciale.

– Le modèle fédéral vise à calmer les revendications régionalistes (notamment du Katanga et du Sud-Kasaï).

Une séparation plus nette des pouvoirs

– La justice devient indépendante; une Cour suprême est instaurée.

– Le Conseil constitutionnel est chargé de contrôler la conformité des lois.

Limites et critiques

– Le président reste trop puissant : risque de dérive autoritaire.

– Le fédéralisme accroît les divisions entre provinces et affaiblit l’unité nationale.

– La mise en œuvre reste incomplète dans un contexte de guerre civile (rébellions de 1963-1966).

– En novembre 1965, Mobutu renverse le régime et suspend la Constitution de Luluabourg.

Conséquences

– Tentative avortée d’instaurer une République démocratique et décentralisée.

– Échec de l’expérience fédérale : retour à un État unitaire sous Mobutu.

– La Constitution de Luluabourg reste une **référence historique importante**, bien que peu appliquée.

 

Ce texte est publié dans le cadre du partenariat avec Bokundol consacrée à la sensibilisation autour des faits historiques de notre pays.  BOKUNDOLI, mot en lingala qui fait référence au fait de chercher profondément, creuser, fouiller, est une initiative d’historiens congolais qui s’inspire du travail réalisé par l’UNESCO autour de l’utilisation pédagogique du manuel de l’Histoire Générale de l’Afrique adapté au contexte culturel de la RDC. Retrouvez toutes les histoires sur http://bokundoli.org

 

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