Un nouveau gouverneur du Haut-Katanga a été élu en août 2017. Il s’agit de Célestin Pande Kapopo, un membre de la majorité présidentielle. Mais là où le bât blesse est que lors de cette élection, la population s’est mise totalement à l’écart, laissant les politiques agir tous seuls. Un acte d’irresponsabilité.
J’ai réalisé qu’en dépit des procès d’intention que nous faisons souvent à nos dirigeants politiques, nous-mêmes, population, nous sommes à la base des malheurs qui nous arrivent. Nous croisons les bras et nous laissons les politiques nous imposer des dirigeants. Puis, plus tard nous commençons à nous plaindre.
Or un citoyen responsable devrait s’intéresser et participer à la vie publique de son pays et ne jamais se montrer indifférent. Il faut parler quand il faut parler, applaudir quand il faut applaudir et dénoncer quand il le faut. Hélas, nous nous taisons lorsque les politiques prennent des décisions contraires à nos aspirations. Dans ce cas, il ne sert à rien de nous plaindre. Tout le monde au sein du peuple aspire au changement, cependant très peu de gens acceptent d’assumer leur responsabilité pour favoriser ce changement.
Le peuple, souverain, non concerné par l’élection du gouverneur
J’ai constaté que le peuple « souverain primaire », au nom duquel le gouverneur devait être élu par nos députés provinciaux, ne s’est pas senti concerné. Dans le débat social et même dans les médias, ce « souverain » n’a pas semblé réaliser qu’il avait le droit de peser, de se faire entendre, d’exiger des comptes et de veiller à ce que l’homme qui allait sortir des urnes soit celui qui serait capable de gouverner au mieux la province.
Ces députés provinciaux qui élisent le gouverneur ont eux-mêmes été élus en 2006 pour représenter la population et lui rendre des comptes. Mais plus d’une décennie plus tard, leur vote ne semble pas améliorer la qualité de la gouvernance de leur province. Ils ont élu le nouveau gouverneur avec le mandat d’un peuple qui ne sait presque rien de lui, ni de son programme politique. Les députés eux-mêmes ne sont guère descendus consulter leurs bases. On ne les a pas vus en réunions dans les quartiers, ou avec les leaders de la société civile.
Quelle politique pour Célestin Pande ?
Célestin Pande succède à Jean-Claude Kazembe, qui lui aussi avait été élu par les mêmes représentants du peuple. En 2016, lorsqu’ils le désignaient, les députés présentaient Jean-Claude Kazembe comme le meilleur homme politique capable de développer le Haut-Katanga. Par la suite, ils l’ont lâché pour des raisons que le peuple ignore. Le peuple lui-même ne s’y est jamais intéressé.
Le peuple se plaît souvent à dénoncer le manque de démocratie dans le pays, alors que lui-même qui constitue la substance même de la démocratie, n’agit pas toujours avec responsabilité. Sacré peuple ! Il se victimise toujours, désigne des coupables, multiplie les excuses, alors qu’il a des leviers qu’il peut activer pour obtenir le changement.
Le plus grave dans cette irresponsabilité n’est pas que le peuple ne se sent pas responsable de l’échec, mais qu’il ignore tout bonnement qu’il a un rôle à jouer pour parvenir au changement auquel il aspire. Pour toute élection, directe ou indirecte, le peuple devrait peser pour que soit élue la bonne personne. Ce qui n’a pas été le cas lors du dernier scrutin des gouverneurs à Lubumbashi.
Si.tu ne t’occupes pas de la Politique, elle s’occupe de toi…