Palais du Peuple, siège des institutions parlementaires, Kinshasa 2019, @HabariRDC
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À quand une loi interdisant aux dirigeants de se faire soigner à l’étranger ?

Depuis plusieurs années, nous voyons nos hommes politiques aller se faire soigner à l’étranger. On dirait que la RDC ne possède pas d’hôpitaux. A mon avis, c’est un acte de lâcheté et d’irresponsabilité de leur part. Pour mettre fin à cette pratique qui humilie notre pays, je propose que le Parlement vote une loi qui les oblige à se faire soigner au pays.

Parce qu’ils ont les moyens de s’offrir des soins de santé à l’étranger, généralement de meilleure qualité qu’au Congo, nos dirigeants sont prêts à dépenser quel que soit le coût. La santé n’a pas de prix, répètent les Congolais. Sauf qu’il s’agit ici des dirigeants qui ont pourtant l’obligation d’améliorer le système de santé publique, au profit de tout le monde : des riches comme eux, et des pauvres qui ne peuvent pas se permettre de rêver des soins à l’étranger.

Ils agissent ainsi parce qu’ils savent bien que les soins que peuvent donner les hôpitaux congolais laissent à désirer. Alors, que devient le pauvre citoyen qui souffre de la même maladie, parfois même pire ?

Des inégalités dans l’accès aux soins

On peut voir qu’il y a une inégalité incroyable quant à l’accès aux soins. C’est en réalité une grave injustice, bien plus, un manquement au devoir d’offrir à tout humain une sécurité de base, comme se soigner quand on tombe malade, comme l’exige la Constitution. On a vu, en effet, des ministres courir se faire soigner à l’étranger pour des « simples contrôles » de routine.

Et les plus pauvres ? Ils ne savent même pas accéder aux soins des cliniques de leurs communes, parce qu’ils doivent avant tout payer. Sans quoi, ils risquent même de ne pas voir un seul agent s’intéresser à eux.

Alors, n’est-ce pas mieux d’imposer aux politiciens, les dirigeants surtout, une loi qui leur refuse d’aller se faire soigner dans un autre pays ? Ainsi, ils pourront déployer davantage d’efforts pour améliorer le système de santé congolais, pour eux-mêmes et pour tout le monde. Cette mesure est déjà appliquée en Afrique, au Niger précisément. Dans ce pays (Niger), les leaders politiques sont obligés de se faire soigner au pays et n’iront à l’étranger qu’en dernier recours et moyennant une autorisation. C’est une manière de les motiver à construire des hôpitaux très modernes dans leur pays.

Est-ce une discrimination contre les dirigeants ?

Pas du tout ! Ce n’est pas de la discrimination, mais un moyen de contraindre les dirigeants à améliorer la vie chez eux. D’ailleurs, le pays aura tout à gagner : puisque chaque dirigeant voudra offrir le meilleur système de santé à son pays, en pensant avant tout à lui-même, au jour où il sera frappé d’une maladie grave. C’est aussi garder l’argent au pays, et le mettre au profit du pays plutôt qu’à l’étranger. C’est aimer son pays, non ?

Il faudra, pour cela, que les députés oublient les faveurs qu’ils peuvent obtenir des dirigeants, et de penser véritablement à leur avenir, au bien du pays. Car un député ordinaire pourra mourir d’une infection ordinaire qu’on n’a pas réussi à détecter et à soigner, et qui s’est vite développée. Ce sera vraiment dommage, si l’on pense qu’il aurait pu être sauvé d’une si simple situation. Or, leurs électeurs meurent déjà couramment comme ça.

 

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