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À Lukanga, un hôpital construit grâce aux cotisations de la communauté

Lukanga est une petite bourgade située à 30 km de Butembo, en territoire de Lubero, dans l’est de la RDC. Les habitants disposent désormais d’un premier centre hospitalier, fruit de leurs propres cotisations. Cette structure dispose de 56 lits et 19 agents, dont deux médecins.

Safi Musangania est l’une des deux médecins du centre. Elle témoigne : « Les gens viennent en nombre se faire soigner ici. Avant ils effectuaient de longues distances pour trouver un centre de santé. Aujourd’hui, ils viennent ici. Les prix des soins sont à la portée de toutes les bourses. » En tout, près de 18 000 $ ont été récoltés par la population en 7 ans de cotisations. Joseph Kambale Sikahimbula, dont la belle-fille a subi avec succès une opération lors d’un accouchement ici, se rappelle : « Tout le monde y a contribué : avec 1 kg de haricot ou de maïs par ménage. Cette contribution était  amenée au comité qui décidait de son affectation. Puis, on a fait une contribution d’un dollar américain chacun pour la construction de l’hôpital. »

L’église catholique locale également est venue en soutien à cette cause à travers des offrandes ordinaires et spéciales, lors des messes dominicales. « Peu importe leur foi, tous les habitants mettaient la main à la pâte pour faire avancer cette œuvre communautaire. Les uns amenaient des cotisations au sein des Mutuelles de solidarité (Muso), les autres des briques ou des pierres pour la construction », explique Wilfrida Kaswera Muliwavyo, habitante du coin.

L’hôpital de Lukanga offre un ensemble de services dont la pédiatrie, la chirurgie, la médecine interne ou encore la maternité. « On ne pensait  pas que l’on arriverait à réaliser une telle grande chose ici. Par exemple, quand on n’avait pas encore de maternité, il fallait diviser une salle par des triplex pour dégager un peu d’espaces », se souvient Kambale Machozi, le comptable. Aujourd’hui, les gens qui se font soigner ici viennent des villages environnants.

Des patients insolvables

Même si le prix des soins est très bas selon les responsables, il arrive malheureusement que certains patients jouent aux malins. « Les gens, une fois guéris, partent sans payer leurs factures de soins et abandonnent leurs draps, couvertures et autres ustensiles », déplore le comptable.

Autre défi dans cet hôpital, l’énergie électrique n’est pas toujours disponible à Lukanga. « Difficile, dans ces conditions, de pratiquer des interventions chirurgicales, surtout la nuit. Il est ainsi arrivé de pratiquer une césarienne en utilisant des lampes torches, avec tous les risques que cela comporte », révèle docteur Safi. Cependant, pour pallier la carence en énergie, un panneau solaire vient d’y être installé. Docteur Safi rêve de voir cette structure sanitaire devenir un hôpital général de référence.

Autant dire que des fois, sans rien attendre du gouvernement, des populations peuvent elles-mêmes s’organiser et améliorer leurs conditions de vie quotidiennes.

 


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