Personne ne savait comment la marche de l’opposition appelée par le rassemblement depuis deux semaines pour ce 19 septembre allait se terminer.Le maire de Goma a permis ladite marche en promettant de donner l’ordre aux policiers d’encadrer les marcheurs. A la fin de la soirée, le bilan était de deux personnes blessées à Goma. Pourtant tout était à craindre car dès 7 heures des pneus étaient brûlés sur certaines routes, des barricades étaient érigées. J’ai suivi les marcheurs de Goma, voici ce que j’ai vu de cette folle journée.
Les points de départ étaient la station Simba pour les habitants du quartier Ndosho, le Jolie Hôtel pour ceux de Birere et la station Mutinga pour les habitants de Mabange et Katoyi. Tous ont répondu au rendez-vous et se sont rencontrés au centre ville de Goma au rond-point Signers vers dix heures. L’objectif : descendre ensemble au bureau de la CENI y déposer un mémorandum exigeant une convocation immédiate du corps électoral 90 jours avant la fin du mandat du président Kabila comme prévu par l’article 73 de notre Constitution.
Ils étaient plusieurs centaines. Sur les banderoles qu’ils brandissaient on pouvait lire en swahili : « Préavis monsieur Kabila ton mandat finit de courir. Le 19 Décembre 2016, il te faudra partir » ou encore « Moise Katumbi président ! », « Mbusa Nyamwisi » ou « Tshisekedi président » selon le parti politique. La marche avait aussi pour but de dire non au troisième mandat de Kabila.
Des jeunes torse nu chantaient en swahili des chansons locales transformées pour l’occasion qui rappelaient au président que « son temps de location au palais du peuple était épuisé et qu’il ne pouvait plus renouveler. » Le long de tout le parcours de la marche des policiers équipés des tout neufs outils anti-émeutes étaient en alerte et au garde à vous. L’itinéraire de la marche avait été convenu la vieille entre le maire et les opposants ! Ils pouvaient emprunter les artères principales mais seules quelques personnes iraient jusqu’aux installations de la CENI déposer le mémo car : « la CENI étant une structure indépendante, son enceinte ne peut souffrir d’aucune violation. »
La foule a emprunté le boulevard Kanyamuhanga, le rond-point Tshukudu, celui des Banques, l’entrée de l’hôtel Linda. C’est à lentrée de la CENI qu’un accrochage a eu lieu. Tous les marcheurs voulaient s’y rendre, boudant l’accord de la veille avec la mairie. Tout s’est passé très rapidement. Les manifestants ont essuyé deux ou trois tirs de grenades lacrymogènes. La foule énervée allait faire un malheur. Près de cent policiers étaient postés aux alentours de la CEN et au moins deux douzaines barraient la route permettant l’accès à la CENI.
La marche qui était calme jusque là allait mal tourner. Le général provincial de la police a du venir en personne parler à la foule, et le porte-parole provincial de la dynamique de l’opposition a joint son aide au général pour convaincre la foule de laisser seize personnes aller déposer le mémo ! La foule s’est alors lentement dispersée.