Je pensais que le marché ne sert que de lieu de vente de toute sorte de produits, dont les denrées alimentaires. Pourtant, le marché central de Kisangani s’est fait une autre spécialité : l’insalubrité. Les conditions hygiéniques sont tellement précaires, si bien que j’ai l’impression qu’en plus des aliments, les clients achètent aussi des maladies.
Vieux morceaux d’étoffes, déchets de viandes ou d’épices, sachets usés, boues, eau stagnante, feuilles vertes ou sèches… Ce sont les ordures auxquelles vous faites face chaque fois que vous fréquentez le marché central de Kisangani.
Une insalubrité qui fait du marché un capharnaüm
Et s’il faut enlever ces ordures, il n’y a ni poubelle publique où les déverser, ni moyen de transport pour les évacuer. Elles sont simplement entassées çà et là, des semaines durant. Celles qui sont biodégradables commencent à se décomposer et propagent des odeurs nauséabondes.
Des tôles délabrées et rouillées exposent les fruits, les viandes, les légumes et les épices au soleil et à la pluie. Ce qui facilite la contamination aux microbes. Le va-et-vient des mouches sur ces aliments, les eaux stagnantes (transportant parfois les urines faites dans les caniveaux), et les immondices font le lit de la typhoïde et de bien d’autres maladies.
La fragilité des services attitrés, élément causal de l’insalubrité
Deux facteurs principaux sont à la base de cette insalubrité. L’absence ou la faiblesse des services étatiques attitrés. L’assainissement constitue une des charges de l’Etat. Surtout lorsqu’il s’agit du marché, un domaine qui rapporte des recettes au Trésor public. Or, ce devoir des services publics manque cruellement.
L’insalubrité publique augmente proportionnellement à la taxe d’étalage. Elle est passée de 300 à 500 francs congolais par étalage, il y a quasiment deux mois. Malgré cela, le manque d’hygiène est toujours là. Pas de poubelles ni de toilettes publiques, pas d’équipements appropriés pour une gestion saine des immondices. La gestion opaque des recettes ne permet toujours pas d’améliorer la motivation des brigadiers d’assainissement.
L’érosion de la citoyenneté, facteur multiplicateur de l’insalubrité
La « démission » de l’autorité urbaine dans le maintien de la salubrité publique au marché central de Kisangani donne libre cours à l’immoralité. J’ai vu de mes propres yeux, et cela à plusieurs reprises, des gens uriner dans les caniveaux non loin de leur étalage. Pire, les eaux des pluies charrient des excréments.
Ceci étant, je me demande quel seuil d’incivisme a atteint le citoyen congolais. Les initiatives privées des travaux d’assainissement sont à compter sur les doigts d’une main. Parallèlement, chacun jette ses ordures comme il peut, et là où il veut.
Au vu de tout ce qui précède, ça urge pour l’autorité urbaine de prendre des mesures efficaces de lutte contre l’insalubrité au marché central de Kisangani. La population quant à elle, doit être fortement sensibilisée sur l’écocitoyenneté afin de constituer un allié dans cette lutte.
Une analyse profonde sur fond des faits réels de la part de Jedidia MABELA, celui que j’appelle affectueusement frère.
Pour en revenir à l’article sur la problématique de l’insalubrité au marché central de Kisangani, puisque c’est de ça qu’il s’agît, je crois être fondé d’affirmer que ce fléau au delà d’être un problème au niveau provincial, l’est également au niveau national.
Et cela s’explique par le simple fait de manque d’une politique appropriée à la matière de la part des services étatiques attitrés. Cependant, cet état des choses est une suite logique de l’approche politique mise en place par les politiques congolais. Ils font le partage des porte-feuilles tant bien ministériels que des entreprises publiques de l’État sur fond des accords et appartenance politique, en lieu et place des compétences que requiert ces domaines d’expertise. Et tout cela avec comme corolaire, la dégradation du tissu social des Congolais.
Espérons que le présent article obtiendra le résultat escompté au près des autorités provinciales. Et que le ministre ayant l’assainissement de la ville sous sa tutelle lui réservera le bénéfice de l’urgence.