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Marche de l’opposition : les années Kabila comme source d’inspiration ?

Prévue initialement le samedi 13 mai 2023, la marche de l’opposition aura finalement lieu le samedi 20 mai. Cela après les observations de l’hôtel de ville de Kinshasa qui a évoqué des « raisons sécuritaires » et avait proposé dans un premier temps la date du 18 mai, rejetée par les opposants. Seulement voilà, comme le 13 mai, la marche de l’opposition devra rivaliser avec une autre activité politique : la sortie officielle de la Ligue des jeunes de l’ACP, parti cher au gouverneur Ngobila. Vive les années Kabila !

Samedi 20 mai 2023, il y aura à coup sûr des étincelles dans l’air. Kinshasa sera ce jour-là le théâtre de deux activités politiques, peut-être même trois ! D’un côté, la marche de l’opposition pour dire non à « l’insécurité grandissante, à la vie chère et au processus électoral chaotique ». Cette procession initiée par le quatuor Matata, Katumbi, Fayulu et Sesanga partira de deux points de la ville : Super Lemba à l’Est et Sakombi à l’Ouest pour déboucher tous au Palais du peuple. De l’autre côté, les jeunes du parti de Ngobila vont effectuer leur sortie officielle le même jour au stade vélodrome de Kintambo. Un double événement qui n’est pas sans rappeler les années Kabila.

Sur Twitter, ça va déjà dans tous les sens. Premier à lancer le bal, Prince Epenge, communicateur de Fayulu, a qualifié cette attitude d’une « provocation ». La situation n’est pas sans rappeler les années Kabila quand les opposants évoquaient une « pratique de la Kabilie qui consiste à programmer une marche le même jour que celle de l’opposition pour ainsi en justifier l’interdiction ». A l’époque, le Président Tshisekedi, alors farouche opposant de Kabila, était aux premières loges de la dénonciation, comme en témoignent ce tweet posté en 2017.

Cinq ans plus tard, les vieilles pratiques renaissent. Si le président Tshisekedi n’est pas directement impliqué dans ce « chevauchement de manifestations », le gouverneur de Kinshasa n’y semble pas étranger. Serions-nous prêts à cracher sur le sang de nos frères Rossy Mukendi, Thérèse Kapangala et bien d’autres compatriotes qui ont payé au prix de leur sang le sacrifice pour obtenir l’alternance et la démocratie ? Comme le dit un célèbre adage : « Il suffit d’un jour pour détruire ce qui a été construit en cent ans. » Le président Tshisekedi, fervent défenseur de l’Etat de droit, cher à son père d’heureuse mémoire, ferait mieux de ne pas reconduire les mêmes pratiques qu’il combattait hier. 

A l’heure actuelle, ni l’opposition, ni l’ACP ne semblent prêtes à abdiquer. A cette équation déjà difficile, une autre inconnue s’est invitée à la fête. Vision Fatshi, association des jeunes pro-UDPS, projette également une marche à la même date. La force étant à l’Etat, seul le gouverneur de la ville sera en mesure de ramener les uns et les autres au bon sens en privilégiant la démocratie et l’intérêt supérieur de la nation. 

 

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