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Marketing diplomatique de Félix Tshisekedi : quel bilan deux ans après ?

A son arrivée au pouvoir, très peu pariaient sur les capacités du cinquième président de la RDC. Le contexte tendu de son élection et l’ombre alors pesante de son prédécesseur lui laissaient peu de marge de manœuvre pour se démarquer et imprimer sa marque. En froid avec la communauté internationale et les institutions financières, la RDC n’avait pas bonne presse début janvier 2019.

Des obstacles qui n’empêcheront pas Félix Tshisekedi de prendre les devants de la scène. Près d’un mois après son investiture, il surprend en accédant au poste de deuxième vice-président de l’Union africaine. Uhuru Kenyatta, seul chef d’Etat à avoir assisté à son investiture bénéficie de sa première visite officielle. Rompant avec son prédécesseur, il se montre plus conciliant avec le voisin angolais avec qui le pays a pourtant un différend sur des réserves pétrolières offshore.

Le business pour faire taire les armes et les rancœurs

Devant la prolifération des groupes armés à l’Est, Tshisekedi rompt le statu quo et se rapproche des pays voisins pour baliser la voie à une coopération gagnant-gagnant. Le Rwanda est autorisé à exploiter l’espace aérien congolais pour sa compagnie aérienne. L’Ouganda du président Museveni s’engage à construire 1200 km de routes en territoire congolais pour faciliter le commerce bilatéral.

Ce réchauffement diplomatique permettra à la RDC d’adhérer à l’ East Africa Community. L’un des avantages de cette adhésion c’est la suppression de l’exigence de visa pour les Congolais désirant se déplacer dans la sous-région. En échange de l’accès au marché intérieur de la RDC, ses anciens voisins belliqueux se sont engagés à combattre les groupes armés qui utilisent leurs pays comme base arrière. Mais l’insécurité dans l’est de la RDC reste un problème préoccupant et irrésolu.

Oncle Sam revient dans la partie

L’un des symboles du retour de la RDC sur la scène internationale est sans nul doute le rapprochement avec les Etats-Unis. Cela s’est manifesté par la reprise de la coopération militaire, la réintégration dans le programme Agoa et le renforcement des relations bilatérales.

Des rapports qui agacent les anciens alliés de Tshisekedi (FCC) qui crient à l’ingérence. La reprise de la coopération avec les institutions financières internationales, notamment la Banque mondiale a permis l’appui à la gratuité de l’enseignement primaire, mesure phare de son mandat.

Bien que controversé, le rapprochement avec Israël ouvre tout de même de nouvelles perspectives. La visite du grand rabbin de Bruxelles Albert Guigui à Kinshasa et un échange téléphonique avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu scelleront la reprise du dialogue avec l’Etat hébreux.

L’Union africaine

Actuellement président en exercice de l’Union africaine, Félix Tshisekedi semble avoir réussi son pari diplomatique. Pourtant, une partie de l’opinion le blâme pour ses voyages incessants qui, au-delà de la visibilité, ne rapporteraient rien de concret au pays. Je ne pense pas qu’il faille raisonner en termes de combien chaque voyage devrait rapporter financièrement au pays.

Comme dans le marketing, la première étape consiste à faire de l’awareness, une stratégie qui consiste à faire connaitre un produit à une cible, la familiariser avec et l’accompagner dans son parcours utilisateur jusqu’à la conversion qui en fait un acheteur.

L’époque où écrire RDC dans Google affichait « capitale mondiale du viol » semble lointaine. Or, si Tshisekedi fait toute cette publicité pour le pays, mais que les Congolais ne sont pas mentalement préparés à s’adapter à une telle exposition, ce serait un investissement à perte. Est-ce pour cette raison que le président vante plus les mines congolaises et le potentiel agricole à l’extérieur plutôt que les Congolais eux-mêmes ?

Possible.

 

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