Plusieurs centres d’enrôlement du Nord-Kivu sont en rupture de stocks de matériaux électoraux, et ce, avant les trois mois impartis à cette opération d’enrôlement. Simple panne technique ou calculs politiciens visant à réduire volontairement le nombre d’électeurs dans cette province ?
Deux mois après le lancement des opérations d’enrôlement des électeurs au Nord-Kivu, j’ai visité neuf centres d’inscription de Beni et de Butembo.
Dans cinq centres, les opérateurs de saisie somnolent derrière leur machines. Dans trois autres, les agents électoraux discutent de la politique et des funérailles d’Etienne Tshisekedi. Pendant ce temps, les électeurs affluent et repartent sans avoir été enrôlés. Selon les responsables des centres, les cartes vierges, les films et les cartouches d’imprimantes sont épuisés ! L’enrôlement des électeurs est donc suspendu. Nul ne sait dire avec précision quand ces centres seront réapprovisionnés
« Seul notre salaire nous préoccupe… »
Cette rupture de stock n’inquiète pas outre mesure les agents électoraux. Chaque matin, ils ouvrent les bureaux et émargent la liste de présence comme d’habitude.
« Qu’il y ait rupture de stock ou pas, cela n’est pas notre problème. Nous savons que notre travail s’étend sur une durée de trois mois. L’essentiel est que cette situation ne puisse gêner notre paiement. Ce qui nous importe c’est seulement notre salaire. Rien d’autre ! », raconte sans détours un agent qui a préféré garder l’anonymat.
Le peu de cartes qui restent sont réservées aux riches
En cette période de rupture de stock de matériels, désormais, l’enrôlement se monnaye dans les centres d’inscription.
Un blogueur qui voulait partir à l’étranger a versé vingt dollars et il a vite été enrôlé. Pourquoi cette exception ?
« Ça c’est un cas spécial. Mais les autres personnes là dehors doivent attendre lorsqu’on nous aura ravitaillés en matériels, » répond laconiquement un agent de la Ceni.
La grande perdante c’est la province
« Pourquoi c’est seulement ici que les matériels d’enrôlement s’épuisent alors qu’ailleurs ce n’est pas le cas ? » s’exclame, le député national Malis Malisawa Marie-Jules, lors d’une interview à Butembo. Mais cette question est restée sans réponse.
Un des techniciens de la CENI, rencontré à Beni nous a affirmé que des machines utilisées sont codées pour enrôler des électeurs durant trois mois. Y aura-t-il des prolongation liées à ce temps perdu ? Le technicien se réserve et explique que la question relève plutôt de la compétence de sa hiérarchie.
A quelques jours de la fin de la période d’enrôlement au Nord-Kivu, on n’a pas atteint les quatre millions d’électeurs attendus. Il est clair désormais que s’il n’y a pas de prolongation de l’enrôlement des électeurs, plusieurs circonscriptions n’atteindront pas leurs quotas. Cela aurait pour conséquence, la diminution du nombre de sièges de députés dans les assemblées législatives. La province serait ainsi sous-représentée.