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Mbujimayi : le président de l’Assemblée provinciale destitué en violation du règlement intérieur

Après la destitution du gouverneur Jean Maweja, le président de l’Assemblée provinciale du Kasaï-Oriental a lui aussi été destitué. Problème : sa destitution énerve plusieurs dispositions du règlement intérieur de l’organe délibérant. L’objectif était-il d’écarter coûte que coûte un adversaire gênant ? Voilà qui prouve que le règlement des comptes et la mauvaise gouvernance sont érigés en système dans nos Assemblées provinciales.

Depuis plusieurs mois, règne un climat malsain entre députés provinciaux du Kasaï-Oriental. Certains d’entre eux n’hésitent pas à se dénigrer sur les médias locaux. Malgré le départ de Maweja, les violons ne se sont toujours pas accordés au sein de l’organe délibérant.

La plénière du lundi 28 juin s’est soldée par une bagarre généralisée en plein hémicycle de l’Assemblée provinciale. Prévue à 10h, la plénière s’est ouverte à 17h sous très haute tension. Deux membres du bureau, notamment le vice-président et le rapporteur, pourtant sous le coup d’une motion de défiance, se sont entêtés à rester en place. Dans ce cafouillage, certains élus ont exigé la destitution du bureau Yves Muamba et la mise en place d’un bureau d’âge pour expédier les affaires courantes.

Yves Muamba destitué dans une procédure expéditive

« Tout s’est passé en cinq minutes », raconte un témoin. La précipitation avec laquelle les députés ont destitué le président de l’Assemblée provinciale, Yves Muamba, était suspecte et semblait donner raison à ceux qui croient qu’il y avait une main noire derrière. La scène s’est passée mardi 29 juin. Dans la salle, il n’y avait que 11 députés, soit moins de la moitié des 24 députés qui composent l’Assemblée provinciale. Les autres élus étaient bloqués par la police à l’extérieur de l’hémicycle et n’ont pas participé à cette plénière.

Plus grave, les membres du bureau poursuivis par une motion de défiance ont dirigé la plénière comme si de rien n’était. Dans une procédure expéditive, ils ont destitué Yves Muamba, le président de l’Assemblée, pourtant absent de la province. Ils ont également réhabilité le député Alidor Numbi dont les immunités avaient été levées plusieurs avant pour faciliter des poursuites judiciaires contre lui dans le dossier de nombreux conflits interethniques en territoire de Katanda.

Ils ont oublié le règlement intérieur

Le nouveau président « élu » de l’organe délibérant du Kasaï-Oriental s’appelle Kabongo Malebongo. Seulement voilà, son élection est qualifiée d’un putsch dans l’opinion pour des raisons suivantes :

1. Le désormais ex-président Yves Muamba a été destitué en son absence alors qu’il est à Kinshasa sur « invitation de la hiérarchie ». Il n’a donc pas eu l’occasion de se défendre. En d’autres termes, le droit à la défense n’a pas été respecté ;

2. Ce jour-là, ni le quorum de décision ni celui pour siéger n’ont pas été atteints. L’Assemblée du Kasaï-Oriental est constituée de 24 députés. Il faut la moitié plus un député pour siéger, et il en faut plus pour décider. Ce qui n’a pas été le cas. Du coup, logiquement cela rend nulles toutes les décisions adoptées au cours de cette plénière du point de vue du règlement intérieur.

Plus grave, les journalistes venus couvrir la plénière ont été molestés, et la raison est simple : on ne voulait pas faire les choses dans la légalité et transparence. Pour toutes ces raisons, à mon avis la destitution de Yves Muamba est illégale. Il devrait saisir la justice pour être réhabilité dans ses fonctions.

 

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