Les hommes passent, les institutions restent, dit-on. Mais au Congo, c’est parfois l’inverse : les gouvernements passent, les mêmes ministres restent en fonction. Depuis 2007, on compte deux ministres éternels qui conservent leurs postes jusqu’à ce jour.
Lambert Mende et Martin Kabuelulu ont traversé sans encombres tous les gouvernements congolais de 2007 à 2017.
Cadre du Parti Lumumbiste Unifié (PALU), Martin Kabwelulu Labilo a occupé le ministère des Mines dans le gouvernement dirigé par Antoine Gizenga en 2007, ministère qu’il détient encore aujourd’hui, en dépit de tous les remaniements de l’exécutif. Martin Kabwelulu semble plus proche du pouvoir que de son parti, le Palu. Ce qui lui a permis de figurer tour à tour dans les gouvernements Gizenga I et II ; Muzito I, II et III, Matata I et II ; Badibanga et aujourd’hui dans le gouvernement Tshibala. Au total neuf gouvernements différents.
Même chose pour son homologue Lambert Mende Omalanga, surnommé « l’homme au verbe facile » à cause de sa façon de défendre mordicus le pouvoir. Cet incontournable élément de l’équipe de Kabila totalise bientôt 10 ans au gouvernement. Depuis octobre 2008, Mende joue l’attaquant et le défenseur providentiel du régime à travers son poste de ministre des Médias et de la Communication, poste doublé de l’étiquette de porte-parole du gouvernement. Il a été nommé ministre des Hydrocarbures en février 2007, dans le gouvernement Gizenga I, avant de prendre en octobre 2008, la tête du ministère de la Communication et des Médias. Il y demeure jusqu’à aujourd’hui.
Le duo qui pose question
Mende et Kabwelulu forment un duo intouchable. Seul Maker Mwangu aurait pu partager avec eux cette inamovibilité s’il n’avait pas été débarqué en décembre 2016. Soit dit en passant, Maker Mwangu était ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel depuis le gouvernement Gizenga I en 2007.
Les questions qui se posent à propos de Mende et Kabuelulu restent les mêmes. Pourquoi sont-ils reconduits dans leurs fonctions à chaque changement du gouvernement ? Quels sont les critères qui justifient leur « irremplaçabilité » ? Ont-ils des compétences inégalables ? Est-ce du favoritisme à leur égard ou une simple question d’affinités avec le « Chef » ?