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La mendicité, une nouvelle profession à Mbujimayi

Faute d’emploi, certains hommes et femmes, et même les jeunes, ont désormais opté pour la mendicité comme profession. Pour gagner de l’argent, ils doivent flatter, chanter, danser, devant les bureaux d’achat de diamants à Mbujimayi, jusqu’à ce que les tenanciers de ces bureaux leur donnent de l’argent.

Nous les observons chaque matin : quand les gens vont au travail, nous voyons certains jeunes et vieux, handicapés physiques, veuves et veufs, personnes du troisième âge, se diriger eux au quartier Kalala wa Nkata, un des principaux centres d’achat et de vente de diamant à Mbujimayi. Ici, un bon nombre de bureaux de diamant est géré par des nationaux ainsi que des expatriés, notamment des Libanais et des Indiens ayant une renommée dans la ville.

Pour attirer l’attention de ces grands diamantaires et les pousser à jeter quelques billets de banque, la stratégie est simple : chanter leur louange, danser toute la journée, se rouler par terre, etc. À grands cris, on glorifie les noms de ces diamantaires : « Tareka, champion », « Roda », « Petit Beyard, le meilleur de Mbujimayi », « Tonton Kalambayi, le riche éternel », « Sylva Mabanga, le dollarbivore », « Kabe, le seul qui nous reste »…

Une autre forme de colonisation

D’aucuns amènent tamtam, xylophone, guitare, chansons improvisées… Bref, tout un orchestre pour glorifier les diamantaires libanais et indiens dans l’espoir d’avoir un peu d’argent pour vivre. À voir le spectacle, on se croirait à l’époque coloniale. Sous un soleil brûlant ou une  pluie battante, on voit des jeunes, des femmes et des vieillards dansant pour des hommes à la peau blanche (Libanais et Indiens), et ce, devant les caméras de ces expatriés. Plus grave, les images sont diffusées à longueur de journée sur les télévisions locales. C’est tout simplement inacceptable !

Et tout ce qu’on remet à ces pauvres demandeurs d’aumônes, c’est juste 500 ou 1000 francs congolais (environ 0.6$), mais aussi un t-shirt et un chapeau à l’effigie du fameux bon Samaritain. Tout ça passe à la télévision, les autorités le voient mais ne font rien pour arrêter cette humiliation des Congolais dans leur propre pays.

Sans muscles, vous n’aurez rien

Il faut également signaler que, lorsque ces Congolais dansent pour des expatriés blancs et que ces derniers en récompense jettent de l’argent en l’air, il se passe une bagarre généralisée parmi ces gens qui ramassent ! Certains s’en tirent avec blessures et chemises déchirées. Ces images ne sont pas seulement diffusées à Mbujimayi, mais elles sont aussi envoyées au Liban et en Inde pour montrer cette colonisation.

La mendicité réduit et chosifie un peuple. Elle doit cesser à Mbujimayi. C’est une honte pour mon pays que de voir mes compatriotes danser devant des étrangers pour vivre.

 


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