Avant l’an 2000, on disait à Kinshasa que ceux qui n’apprendraient pas l’informatique seraient considérés comme des analphabètes. C’était l’époque des machines à écrire et où un ordinateur neuf avait la même valeur qu’une voiture. Plus de vingt ans plus tard, ces machines à dactylographier ont presque totalement disparu et ont été remplacées par des ordinateurs.
En 2000, malgré l’existence des téléphones mobiles, beaucoup recouraient à la phonie pour communiquer avec l’intérieur du pays, car la couverture des réseaux n’était pas totale sur tout le pays. Je me rappelle que quelqu’un venait à la maison pour nous dire qu’un proche demandait de nous parler.
Les mêmes phonies servaient également pour le transfert de fonds. Le mobile money a tué les phonies, tout comme l’Internet mobile a réduit les recettes et presque fait disparaitre les cybercafés. Une de mes connaissances qui travaillait dans une usine de bière m’a raconté comment des robots ont remplacé des centaines de personnes dans l’industrie brassicole.
Des métiers menacés ?
Chaque évolution de la technologie pose le problème du maintien de certains métiers dans notre société. Avant, pour se prendre en photo, il fallait se rendre dans un studio. Aujourd’hui, le téléphone fait bien l’affaire. Le streaming sur Internet a tué le DVD qui constituait une importante source de revenus pour les comédiens qui écoulaient leurs œuvres en Europe auprès de la diaspora congolaise.
Dans la presse, l’arrivée de l’Internet a bousculé les choses. A quelques exceptions près, les gens passent de moins en moins de temps devant la télé, ils sont beaucoup plus sur les réseaux sociaux. Le livre papier se meurt petit-à-petit sous la pression des livres numériques.
Avec des services à la clientèle peu efficaces, la tendance est à la numérisation de la gestion de la clientèle. Une banque l’expérimente déjà à Kinshasa. L’évolution de l’intelligence artificielle fait craindre pour l’avenir des secrétaires, des traducteurs et des réceptionnistes.
Evoluer ensemble
Ces changements ne doivent pourtant pas devenir des fatalités. Rester statique tout en se disant que l’on ne risque rien dans ce qu’on a appris est une erreur que commettent beaucoup de gens. Le défi d’une société du savoir est de préparer la société à évoluer. Nous devons aussi nous préparer à cette évolution dans nos domaines respectifs.