article comment count is: 0

Meurtre du policier Kabeya à Kinshasa : l’arrogance d’Etat au banc des accusés

Dans la capitale congolaise, le code de la route ne s’applique plus dès qu’un gyrophare allumé arrive. Devant les embouteillages qui paralysent la ville, les autorités, ou encore, ceux qui disposent d’une parcelle de pouvoir, ont opté pour la conduite en sens interdit. Si cette pratique a toujours existé, elle était très discrète, ne s’appliquant généralement qu’à l’escorte du président de la République, aux ambulances et aux pompiers.

Aujourd’hui, ce qui était pourtant une exception, s’est transformé en règle non-écrite. Les voitures des autorités abusent. Les membres d’escortes des cortèges officiels commettent des infractions et sont très arrogants : Tout policier de roulage qui ose s’y opposer peut y laisser sa peau. Le décès en détention du brigadier Fiston Kabeya Nsenda, passé à tabac, puis écroué par les membres de l’escorte de la Première ministre Judith Suminwa, en est l’illustration.

Ce cas n’est pas isolé. Récemment à Kintambo Magasin, un cortège d’un officier militaire roulant à contre-sens, s’est heurté à des éléments de la police. L’accrochage s’est terminé par un échange de tirs. Des incidents similaires ont vu des officiels civils et militaires violer régulièrement le code de la route. Ils vous aspergent d’une pluie de paroles arrogantes au lieu de reconnaître leur tort. Une situation qui a conduit le gouvernement à interdire aux officiels de rouler en sens inverse. Une mesure qui n’a pas été suivie.

« L’État, c’est moi » !

Les policiers affectés à la protection des autorités se comportent malheureusement comme des intouchables. Ils pensent que l’État c’est eux ! Ils bousculent, humilient et frappent ceux qui ont le courage de leur rappeler leur mission et le code de la route. La formation de ces agents est centrée sur la protection physique des autorités, mais dépourvue de toute notion de droit, de retenue, ou même de simple humanité.

Lors de l’audience préliminaire des éléments ayant causé la mort du brigadier Kabeya, le public a découvert que deux des six prévenus ont intégré la police après des formations sommaires dont ils ne maitrisent même pas les contours. Avoir de tels éléments rattachés à la protection de très hautes personnalités du pays, interroge sur la qualité du recrutement.

Le cas de Fiston Kabeya révèle une chose : quand la police tue l’un des siens dans une logique de domination, elle n’est plus un organe de sécurité, mais plutôt un instrument d’oppression. L’uniforme bleu, symbole de la puissance publique, se transforme souvent en symbole d’impunité. Ce n’est pas une défaillance individuelle. C’est toute une chaîne de commandement silencieuse qui autorise, couvre, et cautionne.

Des réformes urgentes

Voici à mon avis quelques actions à prendre : recentrer les formations sur le respect des droits humains et l’usage proportionné de la force. Renforcer la chaîne de responsabilité. Et surtout : rompre avec cette culture de l’arrogance d’État qui voit dans le citoyen, un obstacle, jamais une priorité.

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion