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La nationalité, une donnée à géométrie variable !

Crédit: Dessinateur Edizon Musavuli
Crédit: Dessinateur Edizon Musavuli

« La nationalité congolaise est une et exclusive. Elle ne peut être détenue concurremment avec aucune autre » stipule l’article 10 de la Constitution congolaise voté en 2005 par plus de 94% de la population congolaise lors d’un référendum. Mais cette disposition de la Constitution décrétant l’exclusivité de la nationalité congolaise semble la seule qui est violée par toutes les couches de la population.

Tout part du moratoire de trois mois instauré par l’Assemblée nationale en 2007. Ce texte demande aux congolais détenant une autre nationalité que celle de la République démocratique du Congo de renoncer à la double nationalité s’ils veulent exercer une fonction officielle dans leur pays d’origine, le Congo-Kinshasa.

Cette mesure a été arrêtée à la suite du constat selon lequel lors de leur longue période d’exil, une partie de membres du parlement congolais (législature 2006) avaient adopté une seconde nationalité afin d’être exemptés de charges exigées aux étrangers. Mais cette disposition fait l’objet de diverses manipulations par certains hauts fonctionnaires du gouvernement pour justifier la conservation de leur seconde nationalité.

La double nationalité dans le sport

En 2013 la fédération congolaise de Football association, Fecofa, fait appel à un entraîneur d’origine congolaise évoluant en France. Florent Ibenge Ikwange, ancien employé de la mairie de Lille vient redynamiser les Léopards (l’équipe nationale de football). Il est soupçonné d’avoir acquis une seconde nationalité. Mais le peuple et les institutions se taisent sur cette question. « Qu’il soit Français ou non, l’essentiel est qu’il redonne au football congolais son ancienne gloire » commente-t-on dans les rues des grandes villes congolaises comme dans les bureaux climatisés de l’immeuble intelligent (l’hôtel du gouvernement).

Le même argumentaire refait surface lorsque plus de cinq athlètes binationaux décident de jouer pour l’équipe nationale de football. Deux de ces joueurs (Jeremy Bokila et Cedric Bakambu) enflamment la toile congolaise lorsqu’ils se font photographier vêtus aux couleurs nationales congolaises, exhibant leurs passeports belges et français sourire aux lèvres.

Mais la polémique n’a pas fait long feu et s’est rapidement éteinte suite aux différentes performances accomplies par ce duo sur le terrain. Dans cet équipe nationale, l’entraîneur adjoint Mwinyi Zahera et le capitaine Youssouf Mulumbu sont des Congolo-Français. Mais cela n’a jamais remis en cause leur détermination à servir leur pays d’origine et cela n’a dérangé aucun Congolais.

« Au contraire, ils sont adulés par leurs compatriotes » réagit un internaute sur la photo polémique du duo Congolais aux passeports français.

Les frontaliers, les étudiants et des membres de l’armée concernés

Les populations congolaises vivant aux frontières que partage la RDC avec neuf pays limitrophes, les artistes, les étudiants poursuivant les études à l’extérieur du pays, les opérateurs économiques, les membres du gouvernement, voire des hauts gradés au sein de l’armée congolaise et de la police nationale ont souvent acquis une seconde nationalité. Mais cette violation de la Constitution ne semble inquiéter ni les populations moins encore les institutions et jamais une enquête ou une action judiciaire contre les contrevenants a été engagée.

La polémique sur la double nationalité renaît au mois de novembre 2016 lorsqu’à l’issu d’un dialogue entre la majorité présidentielle et une frange minoritaire de l’opposition, un accord prône le maintien du président Joseph Kabila au pouvoir jusqu’à l’élection d’un nouveau président en 2018 alors que son mandat prend fin en décembre 2016.

Un premier ministre à la double nationalité

Le même accord décrète la gestion du pays par un gouvernement de transition dirigé par l’opposition. « Le nouveau premier ministre nommé, Samy Badibanga Ntati est un citoyen belge » tweet l’ancien ministre Olivier Kamitatu, passé à l’opposition, s’appuyant sur la publication du journal Belge Le Moniteur.

Sur les documents mis en ligne sur le compte Tweeter de ce membre du Rassemblement (la principale plateforme de l’opposition congolaise), figure le nom du nouveau chef du gouvernement de transition aux côtés d’autres Africains ayant obtenu la nationalité belge par naturalisation en 2002.

Malgré une tentative d’appel à la démission du premier ministre congolais de nationalité belge par les internautes, sa nomination est entérinée par les pays Occidentaux et les plus grandes institutions internationales.

Ne faudrait-il pas clarifier la situation autour de la double nationalité, modifier la constitution et l’accorder puisque dans les faits de nombreux Congolais en bénéficient ou faudrait-il simplement faire respecter la Constitutions avec plus de fermeté ?

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Les commentaires récents (5)

  1. le gouvernement doit clarifier cette question de double nationalité
    parceque la constitution dispose que la nationalite se perd automatiquement lorsqu’on acquiert une autre nationalité. entre ce qui est dit dans la constitution et ce qui est ecrit il ya un divorce total

    1. SANS RISQUE DE ME TROMPER, JE CROIS QU’IL Y A UNE ERREUR CERTAINE D’ACTUALISATION DES CONTENUS DES CLAUSES CONSTITUTIONNELLES DE LA CONSTITUTION CONGOLAISE DE LA RDC.