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Non à la suppression de l’examen d’État !

Il y a quelques jours, le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire, Steve Mbikayi, créait la surprise en proposant la suppression pure et simple de l’examen d’État, l’équivalent de l’épreuve du bac en France. Pour lui, les détenteurs de diplômes délivrés après cet examen n’ont pas un bon niveau de connaissances pour accéder à l’université. Monsieur le ministre, je rejette votre proposition et je pense que vous vous trompez sur les causes du mauvais rendement scolaire des jeunes en RDC.

Supprimer l’examen d’État n’améliorera pas la qualité de l’enseignement en RDC. Les causes de la mauvaise qualité de l’enseignement et le niveau trop bas des diplômés du secondaire sont à trouver dans les conditions de vie extrêmement misérables et infrahumaines des enseignants, des élèves et des parents congolais. Sur ce point, c’est votre gouvernement, Monsieur le ministre, qui est entièrement responsable de la dégringolade de la qualité de l’enseignement en RDC, depuis l’école primaire jusqu’à l’université.

Comment voulez-vous qu’un enseignant, qui touche pour tout salaire mensuel 80 000 FC (environ 50$), puisse donner le meilleur de lui-même à l’école ? Comment espérer de bons résultats d’un étudiant qui, pour tout repas, n’a mangé qu’un gâteau sec après 48 heures ! Que dire de ces parents d’élèves sans revenus et rendus incapables de payer même leurs loyers ? Monsieur le ministre, vous moquez-vous de ces mères congolaises qui ont dû revendre même leurs habits pour que leurs enfants passent cet examen d’Etat et décrochent un diplôme pouvant leur ouvrir les portes de l’emploi ? Savez-vous les sacrifices à consentir pour scolariser un enfant au Kasaï, à Beni, ou en Ituri ? L’amélioration du rendement scolaire passe par l’amélioration des conditions de vie des enseignants, des étudiants et des parents. Payez par exemple 3000 dollars par mois à l’enseignant et au parent d’élèves, et Monsieur le ministre, vous observerez vous-même comment la qualité de l’enseignement va s’améliorer automatiquement !

Autres causes de la désintégration du système éducatif congolais

Tout le monde sait que la formation donnée aux élèves dans nos écoles n’est pas à même de relever leur niveau. Parmi les causes, figurent la corruption et la complaisance dans le recrutement des formateurs. L’accent n’est pas mis sur la compétence. Or si l’enseignant lui-même a un déficit intellectuel, que deviendront ses élèves? On recrute n’importe qui, surtout dans les écoles de l’État. Parfois, ceux qui y donnent cours ont déjà dépassé l’âge de la retraite. À cela s’ajoutent le manque d’infrastructures, un contenu archaïque des programmes des cours….

Dans ces conditions, les résultats ne peuvent être que ce qu’ils sont aujourd’hui. Mais c’est la responsabilité du gouvernement, Monsieur le ministre. Alors, au lieu de s’en prendre à l’examen d’État, il faut penser plutôt à améliorer les conditions économiques des Congolais.

 


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