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Une nuit aux urgences d’un hôpital à Kinshasa

Un vendredi, aux alentours de 20h,  j’arrive dans un centre hospitalier de Kinshasa dont je tais le nom. Mon frère y est interné pour des soins urgents. On lui a diagnostiqué un palu, ce qui l’a contraint à passer la nuit en observation. Une nuit durant laquelle j’en ai vu de toutes les couleurs.

Ce complexe médical est en réalité, un hôpital de référence d’une commune périphérique de Kinshasa. Il abrite dans ses différents services (médecine interne et externe), près de 100 personnes hospitalisées. Comme pour la plupart des hôpitaux publics, ce  complexe ne reçoit pas de subventions de l’Etat pouvant lui permettre d’avoir des équipements appropriés. L’hôpital est abandonné à son triste sort, son état de vétusté inquiète.

2 lits pour 6 garde-malades

A mon arrivée à l’entrée de cet hôpital, je suis guidée  par une charmante dame vers la salle d’urgence. C’est là que je retrouve mon jeune frère très affaibli par le palu. Je salue le médecin qui est là. Il répond mais me regarde un peu bizarrement. « Êtes-vous venue garder ce malade ? », me demande-t-il. « Non, je suis juste venue pour voir comment il se porte. Ensuite je repartirai », lui ai-je répondu.

Pour le médecin, quelqu’un doit passer la nuit au chevet de mon frère pour le surveiller parce qu’il fait une forte fièvre. Je  commence par bouder un peu, me demandant finalement à quoi servent les infirmiers ? Et même si je dois passer la nuit ici, il n’y a pas d’endroit prévu pour dormir dans cette salle d’urgence. Il n’y a que huit lits pour les malades internés, dont six sont déjà occupés. Les deux autre lits venaient tout juste d’être libérés.

Salle séparée par un rideau, chaque malade a à coté quelqu’un de sa famille qui veuille sur lui. Ce qui fait au total 6 garde-malades qui doivent se débrouiller pour trouver où dormir. Alors, le premier décide d’aller dormir à la réception de l’hôpital. Les sentinelles  ne s’en rendent pas compte car elles sont concentrées devant la télé. Le second se couche devant la véranda en face de la maternité. Quant au troisième, il monte carrément sur le lit de son protégé. L’autre étale une natte au sol. Un autre encore s’allonge sur le banc des infirmières. Quant à moi, je me suis servi d’une chaise à côté du lit de mon frère pour dormir.

Un chat pour chasser les souris

Pleurs, grincements de dents, cris de douleur des malades,   sont entendus, brisant chaque fois le silence de la nuit. Je ne veux qu’une chose : voir le jour se lever. Mais hélas, la nuit aux urgences est longue -trop longue, et le sommeil rare.

Alors que je somnole, je vois un gros chat noir en train de faire des va-et-vient dans la salle. Ma voisine d’à côté le voit aussi. Sentant mon inquiétude, elle me rassure en disant : « Kobanga te, ba tie ye wana pona ba mpuku », entendez : « N’aie pas peur, ce chat est là pour chasser les souris. » Oui, vous avez bien lu, « les souris » dans un hôpital !

Après un court sommeil vers 2 heures du matin, je me réveille et j’appelle une infirmière pour donner une seconde perfusion à mon frère.  Je retrouve l’infirmière dormant paisiblement avec ses consœurs dans une belle chambre, sur un bon matelas couvert d’une moustiquaire. Alors que nous et les malades, passons notre nuit en compagnie d’un orchestre de moustiques jouant à nos oreilles un rythme de « Do you remember » de Phil Collins.

C’est vers 5 heures que j’essaie de dormir, mais la salle se remplit de monde. Ceux qui étaient partis dormir ailleurs rentrent tout souriants d’avoir eu un bon repos. Nous autres avons passé une nuit blanche, au milieu des chats, des souris, des moustiques, des bruits… La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que mon frère a fini par quitter cet hôpital, bien guéri. De quoi pousser un ouf de soulagement ! Des hôpitaux comme ceux-ci sont nombreux à Kinshasa. Avec des conditions d’hygiène qui laissent à désirer.

 

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