En RDC, il est courant de voir des opposants critiquer les gouvernants, pointer du doigt la corruption, la mauvaise gestion et les injustices sociales. Certes c’est tout-à-fait normal de demander des comptes à ceux qui gouvernent, mais il est rare de voir ces opposants faire mieux une fois aux affaires. Leurs tâtonnements au pouvoir prouvent leur impréparation à assumer les hautes fonctions de l’État.
Si un parti politique a pour ambition de conquérir le pouvoir, il doit disposer de programmes concrets qu’il appliquerait dans les principaux secteurs de la vie publique une fois arrivé au pouvoir. On se rappellera de la phrase du ministre des PT-NTIC, Emery Okundji, qui justifiait la coupure d’Internet parce que c’est le gouvernement qui dispose de toutes les informations nécessaires pour prendre des décisions pour le bien commun.
L’argument avancé ici repose sur l’idée que l’élite politique congolaise n’acquiert une véritable compréhension des enjeux du pays qu’une fois en fonction, révélant un déficit de connaissances préalables des problèmes structurels. Cette attitude pose la question de la responsabilité des dirigeants dans la recherche proactive de solutions en amont de leur mandat.
Se préparer aux hautes fonctions
Plutôt que de se contenter de critiquer, les opposants devraient disposer au sein de leurs partis, de gouvernements, avec des postes similaires à ceux du gouvernement national et dont leurs membres les plus en vue en assumeraient les fonctions, question de les préparer à ces responsabilités. Cela permettrait de consacrer du temps à développer une vision et des stratégies cohérentes pour aborder les défis de la RDC.
Quand on voit des ministres nouvellement nommés, effectuer des visites d’inspection pour comme ils le disent souvent « palper du doigt la réalité de leur secteur », on se rend bien compte que ceux-ci débarquent au pouvoir sans vision ni programme, encore moins de connaissances suffisantes sur leur nouveau portefeuille.
C’est notre tour !
Ce phénomène d’opposition sans projet s’explique en partie par la culture politique du pays, où la fonction politique est souvent perçue comme une occasion de jouir de privilèges, plutôt que comme une opportunité de rendre service à la nation. Pas étonnant que quand ils arrivent au pouvoir, ils disent : c’est notre tour ! Comment élaborer un programme sectoriel pour des partis politiques dont les membres ne savent même pas définir leurs courants politiques (libéraux, socio-démocrates, socialistes, etc.) ?
Le fait que l’UDPS et le PPRD, deux partis membres de l’International socialiste se soient affrontés durant des années, prouve que les partis politiques congolais manquent cruellement de connaissances sur la gestion du pouvoir et de ses attributs, tout comme l’idéologie qui leur permettra d’y accéder.