Actuellement, le secteur de la micro finance à Bukavu est en souffrance. Plusieurs coopératives sont en manque de liquidités. Certaines seraient déjà en train de mettre la clé sous la porte. Les épargnants sont angoissés.
Depuis quelques semaines, plusieurs membres-épargnants prennent d’assaut les sièges de leurs coopératives respectives pour tenter de faire une opération financière. Devant les portes des guichets fermés, ils sont accueillis par des communiqués de désespoir les invitant à la patience. Ce matin moi aussi j’ai été alerté par un voisin de la situation qui prévaut dans la mutuelle d’épargne de laquelle je suis membre.
« Appauvris par sa propre poche ! »
Angoissé, je me rends sur place. A mon arrivée, je constate qu’un groupe de membres de la coopérative organisent un sit-in devant le beau bâtiment de cette entreprise de micro finance. « Depuis une semaine, je viens ici pour retirer un peu d’argent afin de faire mon business, mais ça ne tient pas mon frère. Je ne sais pas à quel saint me vouer ! C’est une honte, si nous devons être appauvris comme ça par l’Etat, ensuite par les particuliers ! » dénonce un homme derrière moi dans la file d’attente.
Un autre membre désespéré dans la file réplique : « Moi je ne sais pas garder l’argent dans ma poche. Car je le gaspille. C’est cette entreprise que je considérais comme ma poche. Voilà maintenant comment je suis appauvri par ma propre poche ! »
A quelques mètres, j’aperçois une dame s’effondrer brusquement. Elle vient de faire une crise cardiaque. « Elle devrait se rendre à Dubaï. Elle patiente depuis deux semaines. Et son billet expire dans 48 heures. C’est ici où elle garde son argent. Auparavant, le retrait d’argent ne posait aucun problème. Mais pour le moment, c’est un communiqué qui continue de nous accueillir à la porte », m’explique sa copine.
Des milliers de membres affirment qu’ils risquent de perdre leurs économies, au cas où la situation ne change pas. La fermeture des établissements de micro finance peut avoir de graves conséquences. Des familles voient leurs enfants chassés de l’écoles et des universités. Certains ont du mal à payer leur personnel. Selon une source anonyme proche de l’une de ces coopératives, de la Mutuelle de crédits et d’épargnes de Bukavu (MECREBU), il ne s’agit pas d’une quelconque faillite mais plutôt d’un petit problème technique, dont la solution est en cours de rétablissement.
Faut-il alors garder son argent dans le Mulonge ?
« Mulonge » , c’est un morceau de bambou dans lequel les anciens gardaient leur argent à l’époque. « Je me demande si on doit encore recourir à la thésaurisation ? Moi je garde mon argent dans les réseaux de communication (Mobile banking). Mais, lorsque le gouvernement va encore ordonner de couper le service SMS, j’en aurai pour mon compte. Où faut-il garder son argent alors ? » S’interroge Shabani, un jeune cambiste au centre-ville de Bukavu.
Je me rappelle qu’entre 2003 et 2005, les habitants de Bukavu ont perdu des milliers de dollars dans les tontines. Plus de dix ans après, les coopératives et les mutuelles d’épargnes naissent dans la même ville. Leur contrôle interne n’est pas souvent assez minutieux par l’autorité de tutelle : la Banque centrale. L’histoire est en train de se répéter !
Avec la faillite d’une dizaine de coopératives du secteur de microcrédit, à Bukavu plusieurs épargnants retirent systématiquement leur argent. Et même dans les banques qui ne sont pas concernées par cette crise. Des communiqués de sensibilisation passent dans les médias, mais sans succès.
Avec cette situation, je redoute fort la reprise des vols nocturnes à main armée par les bandits. Ils se feront l’idée que l’argent est gardé dans les maisons privées. La Banque centrale du Congo ferait mieux de prendre ce dossier au sérieux pour qu’on évite le pire aux économies des familles modestes.
Nous risquons de n’avoir d’autre choix que de recourir à l’ancienne methode de « bambou » si la Banque Centrale ne fait rien. ce ci est une demande à leur egard.
tu as vraiement raison!
C’est de part de notre gouvernement irresponsable.