Se faire soigner devient un véritable casse-tête pour les pauvres à Lubumbashi. Seuls les riches ont le privilège dans les hôpitaux. Les « fils d’Hippocrate » ont tellement haussé le prix des soins qu’il faut des milliers de francs congolais pour survivre à une maladie. Les pauvres n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes. Ainsi, lorsqu’on a pas de moyen, mieux vaut mourir à la maison que d’aller à l’hôpital.
Pourtant, depuis mon enfance, alors que j’allais encore à l’école, j’ai appris que la vie humaine est sacrée ; et que lorsque qu’une personne est malade, la soigner ne devrait jamais dépendre de l’argent. En d’autres termes, les soins d’abord, les discussions d’argent après. On me répétait que les médecins ont pour mission de prendre soin du patient avant tout autre chose. Hélas, aujourd’hui ce n’est plus le cas à Lubumbashi : l’argent passe en priorité.
Pauvre, ne tombe pas malade !
Dans plusieurs hôpitaux publics ou privés de Lubumbashi, sans argent, votre mort est certaine, à moins que le ciel ne vous fasse grâce. Nos hôpitaux n’offrent vraiment plus la garantie de survie à un pauvre. Pire, on laisse volontairement mourir le patient, simplement parce qu’il est incapable de payer sa facture. Quel cynisme de la part de nos médecins !
Les exemples sont multiples. Charles Kalenga, devenu veuf depuis quelques semaines, n’a jamais pardonné l’hôpital où son épouse a été admise. Pour ne pas avoir pu payer 75 000 francs congolais (environ 70 USD), l’épouse de Charles s’est vue abandonnée à son triste sort par son médecin, jusqu’à ce qu’elle est morte. « Le médecin lui a fait administrer un semblant de soins, au lieu de lui donner les vrais soins que son état nécessitait », explique Charles révolté. Il a fallu, en plus, une semaine pour réunir l’argent nécessaire afin de pouvoir inhumer son épouse.
Occuper un lit se paie aussi
Le plus offrant est le mieux soigné, témoignent plusieurs personnes. Les médecins se comportent parfois comme des petits dieux, traitant mieux les uns, et avec légèreté les autres malades qu’ils touchent à peine. Outre le fait que les soins coûtent déjà très cher, passer une nuit dans un lit d’hôpital exige des frais supplémentaires non comptabilisés dans la facture des soins reçus.
Quelle absurdité ! Peut-on s’imaginer être hospitalisé sans se coucher dans un lit ? Un seul jour passé sur ces lits, parfois très mal entretenus, coûte 20 USD. Dans ce cas à mon avis, on devrait construire des hôpitaux sans lits, ou alors, laisser chacun apporter le sien. Cela réduirait les charges des patients pauvres !
Les charlatans en profitent
Les frais des soins de santé prohibitifs dans les hôpitaux modernes profitent aux tradi-praticiens. Les patients sans moyens vont tenter leur chance dans la médecine traditionnelle. Malheureusement, ces guérisseurs qui prétendent soigner toutes les maladies du monde se révèlent être parfois de vrais charlatans. Eux aussi ne visent que l’argent, au grand dam de nos malades.
Toutes ces déceptions poussent de nombreux patients à prendre le risque de se soigner seuls à l’aide de ces médicaments qui se vendent sans précautions dans les pharmacies. Pourtant, l’automédication tue chaque année, même si les chiffres pour le prouver restent inaccessibles.
Une des solutions est d’avoir plus de mutuelles de.santé comme on l’a fait pour les écoles publiques..