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Projets de loi Minaku-Sakata : des manifestations qu’on aurait pu éviter

Des Congolais en colère ont manifesté contre la réforme de la justice proposée par les députés Aubin Minaku et Garry Sakata. Une manifestation aux allures d’un règlement des comptes dont on aurait pu se passer en cette période difficile.

Les propositions de réforme judiciaire de Minaku et Sakata, coulées en projet de loi, ont attiré l’attention de toute la nation. « Un coup de pinceau inopportun et dangereux », ont vite réagi ceux qui redoutent une fin de l’indépendance de la justice à laquelle on croit goûter après le fameux procès des 100 jours.

C’était la goutte de trop dans une période difficile

Mais l‘auteur principal croit qu’il est mal compris ​ par ceux qui s’attaquent à ses projets. Il y a de quoi parler d’une goutte de trop. En cette période où la RDC suffoque sous le poids des charges imposés par le coronavirus et le dysfonctionnement de la vie nationale, ceci aurait pu être évité. Peut-être que les initiateurs dudit projet n’ont rien vu venir, considérant la naïveté légendaire des Congolais. Mais, visiblement c’est raté.

Cette initiative traitée de politique est venue sortir certains Congolais de leur silence toujours jugé complice. Cette initiative, en effet, serait une menace contre les valeurs de la démocratie associées à la justice. Mais Aubin Minaku fait savoir que cette crainte est gratuite tant il ne vise la tête de personne et « n’attaque pas les magistrats ». Mais qu’importe, dans tout ça, où est le peuple, lui qui est descendu dans la rue ?

Le peuple, en effet, est dans les discours les plus beaux des politiques. Et c’est cela que nombreux parmi les Congolais ne supportent plus. Et en ce temps de crise doublée de la chute du taux d’employabilité à cause de la pandémie de coronavirus, la pression sur la population augmente. Du coup, toute occasion de révolte est à saisir, pour non seulement se défouler mais aussi s’arracher éventuellement du pain, de gré ou de force.

Des projets de loi qui ne plaisent qu’à leurs rédacteurs

Malheureusement, plusieurs d’entre les manifestants ne savent presque rien de ce que contiennent lesdits projets de loi qu’ils contestent. Certes, ils en entendent parler mais vaguement. Beaucoup ne sont que des opportunistes qui n’attendent que ça pour régler leurs comptes à ceux qu’ils considèrent comme la cause de leur mauvais sort.

En effet, l’une des propositions est un projet de loi visant à modifier la loi organique n°13/011 du 13 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire. Pour beaucoup, il vient donner un coup de poignard dans le système judiciaire congolais. Des soupçons motivés par l’orientation des modifications proposées et qui ne portent que sur deux articles seulement.

En gros, le ministre de la Justice devrait bientôt voir ses pouvoirs accroitre. Il devrait contrôler le système et éventuellement l’affaiblir pour en tirer profit. Entre-temps, le pouvoir des magistrats devrait par contre diminuer sensiblement. Ce qui devrait réduire le poids du conseil de la magistrature et par ricochet celui de la Cour constitutionnelle. C’est en gros l’esprit du projet de loi qui révolte plusieurs Congolais. Pour un coup, celui-ci en est un sur les crânes des magistrats qui n’ont pas hésité à dire non. D’ailleurs, le syndicat autonome des magistrats du Congo (Synamac) ​ a rejeté les propositions de réforme faites par les deux élus.

Dans tous les sens, il s’enchaîne et se déchaîne des considérations plus politiciennes que républicaines. Il est nécessaire et même vital aujourd’hui que les leaders politiques conscientisent leurs partisans enfuis dans la masse sociale et fassent d’eux de véritables républicains et citoyens. Ce pays mérite mieux !

 

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