L’arrestation d’une défenseure des droits de l’homme à Lubumbashi vient de relancer le débat sur la sécurité de ceux qui défendent les droits des autres. Anne-Marie Mabo est incarcérée depuis le 6 juin 2020. Elle participait à une marche pacifique des femmes de la société civile.
Une arrestation qui interroge sur les dérives sous le régime de Félix Tshisekedi qui avait pourtant promis d’en finir avec les méthodes de son prédécesseur Joseph Kabila. Anne-Marie Mabo est membre de la Nouvelle dynamique syndicale (NDS) et défenseure des droits humains. Le 6 juin, elle et ses collègues manifestaient devant le parquet de Lubumbashi « pour dénoncer l’interférence du procureur général près la Cour d’appel de Lubumbashi dans une affaire opposant la NDS à son ancien président », Gabriel Mwamba.
Le même jour, Anne-Marie avait signé un communiqué de presse intitulé : « Le procureur général près la Cour d’appel du Haut-Katanga, Basile Lumande, fait main basse sur les cotisations de la Nouvelle dynamique syndicale. » Un titre qui aurait fait basculer tout en sa défaveur. Car deux jours après, elle a rejoint la prison centrale de Lubumbashi, la Kassapa.
Les proches de la victime s’interrogent sur les réelles motivations de son arrestation. Ils dénoncent l’arbitraire dans la procédure. Mais pour le parquet, cela est un refus d’admettre le forfait. C’est devenu un jeu où personne ne reconnaît son tort.
Une manifestation qui a mal tourné
C’est devant le parquet de Lubumbashi qu’Anne-Marie était arrêtée par la police judiciaire « sur ordre du procureur général ». Selon le parquet, le calicot que brandissaient les manifestantes « portait des mentions attentatoires à l’honneur du procureur général près la Cour d’appel de Lubumbashi ». Ce qui serait constitutif de l’infraction « d’outrage à autorité ». En voilà une des explications.
Les heures qui ont suivi l’arrestation d’Anne-Marie, le réseau Gruwa, (Groupe Ukingo wa Watetezi) s’est saisi de l’affaire croyant faire bouger les lignes. Mais pas quand le parquet tient à ne pas s’humilier. Dans son communiqué, Gruwa souligne que la procédure constitutionnelle d’organisation des marches était observée. Il ne comprend donc pas le motif réel de l’arrestation.
Un vain appel à la libération d’Anne-Marie
Les droits de l’homme et leurs défenseurs, même sous Félix Tshisekedi, doivent encore rester sous les verrous en RDC. L’alternance au pouvoir n’aura pas amené le changement espéré en matière des droits humains. Sauf s’il ne vient pas à la même vitesse que les atteintes aux dits droits. Une lenteur ou une fausse promesse qui conforte les affaires des autorités qui, elles, digèrent mal la critique.
Cinq jours après l’arrestation d’Anne-Marie, une délégation de la société civile a rencontré le vice-gouverneur du Haut-Katanga pour son implication en vue de trouver la solution. Il aurait « promis de parler au procureur général » pour la relaxation d’Anne-Marie. Pourtant, même des appels ont été passés au procureur général, sans effet, affirme le président de la NDS, Jean-Pierre Muteba. Le matin du 12 juin, une délégation a même rencontré le ministre de la Justice à Kinshasa. Mais cela n’a pas sorti Anne-Marie de prison.
Son communiqué souligne « que les droits à la liberté d’opinion et de manifestation sont garantis par la Constitution en ses articles 23 et 26 ». Ainsi, avec cette affaire, il y a lieu de craindre que le vrai objectif de l’arrestation d’Anne-Marie ne soit de faire taire les défenseurs des droits humains dans le Haut-Katanga.
Merci coordo,si possible,j v rencontré l’autorité et surtout le syndicaliste,si vous pouvez m’enrichir avec un plus d’éléments, c’est quel magistrat.
La liberté ,on la gagne.