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RDC : « Média » d’information ou de manipulation contre le covid-19

Depuis le début de la pandémie du covid-19 en mars 2020 en RDC, j’ai observé une prolifération des « médias » en ligne. Mais en réalité, certains sont des nids d’intox ou fausses nouvelles, voire des espaces de propagande de la haine et de la manipulation. En passant, le covid-19 semble plutôt une aubaine pour eux.

Faisons un retour en arrière. Le 10 mars 2020, le ministre congolais de la Santé publique, Dr Eteni Longondo, annonce le premier cas du covid-19 au pays à Kinshasa. Des tests effectués par l’Institut national de recherche biomédicale confirment qu’un ressortissant congolais a été testé positif au nouveau coronavirus.

Et c’est parti : le calvaire commence. Un peu partout dans les médias sociaux, en effet, des thèses de conspiration émergent. Des théories du complot gagnent le terrain. Et des sites d’informations, curieusement, relaient ces histoires saugrenues bien souvent.

C’est que j’ai commencé à observer la multiplication des médias qui n’existent que sur Facebook ou sur Twitter. D’autres, sans doute, ont des sites web mais qui se spécialisent dans des nouvelles moins sûres, peu vérifiées. Et ils sont nombreux sur Facebook, le réseau social le plus utilisé en RDC.

Vigilance

Le 04 avril 2020, par exemple, Kin One-News annonce sur Facebook que « Fally Ipupa accuse le docteur Muyembe de vouloir utiliser le vaccin contre le coronavirus pour tuer les Congolais. Fally Déclare : Le docteur Muyembe est un escroc, il veut prendre les Congolais comme cobayes afin de tester sur eux le vaccin mortel fourni par les U.S.A ». Il cité pour cela un autre média, 7sur7.

Le post a généré 188 commentaires et près de 400 partages sur Facebook. Imaginez combien de personnes ont été atteintes par cette publication. Évidemment, c’est faux. Le lien donné, censé conduire vers une publication de 7sur7, un site connu en RDC, n’est pas correct. Il ne conduit à aucun contenu sur le site.

Pourtant, ce n’est pas fini. La même année, en mai, d’autres intox émergent sur YouTube et Facebook. Par exemple, la chaine YouTube ‘’Mani TV’’ et un internaute sur sa page Facebook, prétendent que des corps sans vie à Kinshasa sont monnayés et achetés entre 2000 et 5 000$ pour gonfler les chiffres des équipes de la riposte.

Aucune preuve n’a été formellement avancée à ce sujet pour étayer cette allégation.

Désinformation et manipulation

Encore et toujours, le même scénario : la manipulation! Cette foi, on a affaire à des fausses légendes ajoutées sur les images. On plonge ainsi dans un processus qui détourne les faits réels de leur contexte afin de présenter des fausses conclusions.

Pour plus de détails, Congo Check un média indépendant de vérification, a fait aussi le même constat de désinformation.

C’est grave quand une page populaire attribuée à tort au président congolais, Félix Tshisekedi, par exemple, est suivie par un auditoire de plus 57 000 personnes, et qu’on la voit annoncer que « les Congolais ont un système immunitaire très résistant contre le covid-19. »

Non seulement le président n’a pas tenu de tels propos, mais cette affirmation n’est pas démontrée sur le plan scientifique. Aucune étude n’a été conduite pour aboutir à une telle considération. Pourtant, plus de 3400 personnes ont partagé cette publication, probablement considération que le président a tenu de tels propos.

La prolifération des faux médias en ligne, complique les efforts de partage d’informations fiables sur le covid-19. Pire, certains internautes naïfs ou non avertis sur les manipulations qui les lisent, ont tendance souvent à croire leurs affirmations. Et c’est en défaveur des vrais médias. Malheureusement, ces derniers sont accusés, d’être sous le contrôle du gouvernement quand ils dénoncent les fausses nouvelles.

J’estime que si la pandémie du covid-19 a donné beaucoup de leçons de vie aux Congolais, c’est qu’il faut changer notre façon de consommer les informations. Il faut vérifier chaque fois la source de son information. Un média sérieux ne publie pas seulement sur Facebook ou sur Twitter. Il a souvent une équipe de production, un site web ou une rédaction physique vérifiable.

 

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