Guerre, puis dialogue, concertations ou consultations : le même mode d’emploi pour se partager des postes en RDC. Après la chute de Goma et d’autres territoires du pays, les autorités congolaises ouvrent ce lundi des « consultations » en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale.
En effet, selon l’annonce faite par le cabinet d’Eberande Kolongele, conseiller spécial du chef de l’État en matière de sécurité, ces consultations réuniront l’Union sacrée, l’opposition tant parlementaire qu’extra parlementaire, la société civile « dans toute sa diversité », mais aussi des personnalités et les anciens présidents des institutions. Du déjà vu.
Ainsi, c’est un éternel recommencement, et de mauvais goût ! Car, depuis plus de 20 ans, dialogues, concertations et consultations se sont imposés dans le parcours politique du pays. Et ce, malgré la tenue des élections à des échéances pourtant quasi régulières. Ce phénomène de retrouvailles forcées entre acteurs politiques aux visions opposées, devient inévitable en RDC. En même temps, il consacre trois possibilités d’accéder au pouvoir à Kinshasa :
1. Par les armes ;
2. Par le dialogue ou consultations ;
3. Par les élections.
Des consultations pour un nouveau partage de gâteau
Il n’y a pas longtemps, la RDC a pourtant organisé des élections générales (20 décembre 2023). Proclamé réélu par la Céni, Félix Tshisekedi a un mandat constitutionnel qui court jusqu’en 2028. Normalement, en démocratie, tous ceux qui ne sont pas de la majorité et qui veulent accéder au pouvoir, auraient dû attendre les élections de 2028. Trop loin pour eux ? Il faut trouver des raccourcis : passer par une guerre ou par un mécontentement des évêques et de l’opposition pour exiger un dialogue. Prendre prétexte du manque de cohésion nationale pour rebattre les cartes et repositionner ses pions politiques.
Cependant, le dialogue en soi n’est pas une mauvaise chose. Le problème est qu’en l’institutionalisant presque, on en fait un mode légitime d’accession au pouvoir. Et les élections passent au second plan. Car, ceux qui réclament ce dialogue, ne le font pas que par souci de réconciliation : ils voient le gâteau à partager ! On parle d’un gouvernement d’union nationale à former. Sinon, pourquoi ne peuvent-ils pas donner leurs avis et recommandations au gouvernement pour la résolution de la crise, sans que ce soit à travers un dialogue ?
Conséquences : Félix Tshisekedi est obligé de négocier simultanément à Nairobi, à Luanda, à Doha et désormais à Kinshasa. Et tous ces scénarios ont pour finalité le partage de postes politiques.