La CENI s’attèle aujourd’hui à informer la population qu’elle n’est pas en mesure d’organiser les élections dans les délais constitutionnels. Ainsi, elle prépare l’opinion à un report de l’élection présidentielle. Les scrutins provinciaux et locaux ont d’ailleurs été reportés. Les sénateurs, gouverneurs et députés… ont déjà dépassé la limite de leur mandat légal. On est face à un grave dysfonctionnement institutionnel.
Retards électoraux à régler avant tout
Pour ne pas plus retarder la bonne marche du cycle électoral, il faut absolument que les élections provinciales et locales se tiennent. Joseph Kabila n’est pas encore dans l’illégalité. Toutefois, les sénateurs, députés et gouverneurs le sont.
Il faut au préalable que les listes électorales soient actualisées avec le retrait des personnes décédées, la mise à jour des nouvelles adresses et la prise en compte de la nouvelle « configuration administrative ». Nous sommes passés de onze à vingt-six provinces.
L’ajout de ceux qui sont majeurs depuis 2011 est également un point crucial. Selon, l’organisation de la francophonie, ils sont estimés à 7 000 000 soit plus de 20% du corps électoral.
La révision du fichier électoral : un casse-tête !
La révision du fichier électoral peut être partielle ou totale.
La révision partielle serait rapide et les coûts de sa réalisation, moindres. Toutefois elle pourrait présenter des failles, notamment sur le nombre réel d’électeurs, leur répartition par circonscription ou encore la reprise des données erronées depuis 2011 etc.
La révision totale du fichier, plus coûteuse permettrait d’éviter les failles d’une révision partielle. Toutefois, comme en 2006 et 2011, il faudrait plus de 14 mois pour la réaliser. Ceci provoquerait un retard systématique dans l’organisation des élections. Or, la constitution stipule que l’élection présidentielle doit être organisée trois mois avant la fin du mandat du président en exercice.
« Le gouvernement n’a pas l’argent »
C’est ce que martèle la CENI qui assure ne pas disposer des moyens financiers et techniques pour régler les problèmes. Le budget nécessaire pour le financement de l’élection s’élève à plus d’un milliard de dollars. En attendant… elle accuse un retard important dans l’organisation des autres scrutins. Pour continuer à gagner du temps, la CENI propose désormais de publier un autre « calendrier réaliste ». Mais la question qui reste sans réponse est : « on commence avec quelle élection ? ».
Pendant ce temps, le régime gagne du temps pour rester au pouvoir. Le dialogue national qu’il propose reste sa dernière carte à jouer à la veille de l’alternance politique en RDC. Mais on ne sait toujours pas quand ce dialogue se tiendra ou… s’il aura vraiment lieu.