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« République fédérale du Congo » : solution miracle ou faux débat ?

La récente sortie d’Olivier Kamitatu, proche de l’opposant Moïse Katumbi, relance le débat sur la forme de l’État congolais. Sa proposition de transformer l’actuelle RDC en République fédérale se veut audacieuse. Selon lui, cette réforme permettrait une gestion plus efficace du pays et favoriserait un véritable développement à la base. En d’autres termes, elle donnerait plus de pouvoir aux provinces, les rapprochant de leurs citoyens.

Seulement voilà, cette proposition ne fait pas l’unanimité. Certains y voient une manœuvre politique subtile, voire une tentative masquée de favoriser la balkanisation du pays. Pour ses détracteurs, le fédéralisme pourrait fragiliser davantage l’unité nationale, dans un contexte où les tensions ethniques, régionales et sécuritaires sont encore vives.

Le cœur du problème : la non application des textes existants

Plutôt que de réécrire la Constitution ou de changer la forme de l’État, ne faudrait-il pas d’abord appliquer les textes déjà en vigueur ? En effet, la Constitution de 2006 avait déjà anticipé le besoin de développement à la base et d’équilibre entre les provinces. Elle prévoit notamment :

  • La retenue à la source de 40 % des recettes produites par les entités décentralisées ;
  • Une caisse nationale de péréquation destinée à soutenir les provinces les moins nanties ;
  • L’élection des gouverneurs par les Assemblées provinciales ;
  • Un système de décentralisation censé renforcer l’autonomie des provinces ;

Mais dans les faits, ces dispositions sont restées largement lettre morte. Le pouvoir central, installé à Kinshasa, continue de concentrer l’essentiel des ressources nationales, ne laissant aux provinces que des miettes pour fonctionner.

Des gouverneurs sous influence et une décentralisation de façade

Bien que les gouverneurs soient officiellement élus par les députés provinciaux, ils restent manifestement soumis à des agendas dictés depuis la capitale. Leur destitution, souvent orchestrée en coulisse, est la preuve que le pouvoir provincial est fragile, instrumentalisé et pas suffisamment autonome. Il y a donc une décentralisation théorique, sans pouvoir réel, une illusion de gouvernance partagée.

Dans ce contexte, toute tentative de réforme structurelle risque de n’être qu’un mirage si l’on ne s’attaque pas à la racine du mal : l’absence de volonté politique d’appliquer la Constitution, de respecter les principes d’équité budgétaire et de renforcer les institutions locales.

Le passage à une République fédérale ne saurait suffire à résoudre les problèmes profonds de gouvernance et de justice territoriale. Avant d’envisager une réforme aussi structurante que le fédéralisme, il serait plus sage, et plus urgent, de mettre en œuvre les mécanismes existants.

C’est dans l’application rigoureuse de la loi, la transparence dans la gestion des ressources et le respect des institutions provinciales que se trouve la vraie clé du développement.

 

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