article comment count is: 0

Sarah Mukadi : se servir de la danse pour écrire une histoire

Au cours d’un entretien qu’elle m’a accordé à l’Institut français de Lubumbashi, Sarah Mukadi déclare : « La danse fait partie de moi. Je me sers de la danse comme un outil pour raconter l’histoire glorieuse du Congo. » 

Sarah Mukadi Kadima est née en 1994 à Kolwezi. Elle  rejoint la ville de Lubumbashi deux ans plus tard pour fuir les troubles liés aux tensions ethniques de l’époque. Sur place à Lubumbashi, elle est très vite absorbée par les chorégraphies de musique hip hop. Elle se fait découvrir dès l’âge de huit ans, lors d’un spectacle de Noël. 

Quelques années après, la jeune Sarah prend conscience de son talent et entame sa carrière professionnelle. D’abord au sein du groupe Bad Boys où évoluait sa sœur ainée. Ensuite, elle rejoindra son amant à Harlem des Arts en 2010. 

Plus tard en 2015, elle crée sa propre compagnie de danse : Munia. La particularité de celle-ci, est d’être composée uniquement de filles. « Par la danse, je voulais voir écrite l’histoire des femmes par les femmes elles-mêmes », explique-t-elle. Le travail de Sarah accroche, et des structures comme l’Institut français de Lubumbashi ou Picha ASBL en font la promotion. 

La « katangaise »

En 2019, Sarah prend part à l’atelier de formation sur la production artistique en rapport avec l’histoire africaine. La formation était organisé dans le cadre du programme Bokundoli. Cet atelier animé par Dominique Gillerot et les professeurs Donatien Dibwe et Yoka Lye Mudaba, a bénéficié du soutien de la Coopération Education et Culture (CEC) en collaboration avec Africalia. Là, Mukadi propose de faire une performance de danse dénommée « La katangaise ». 

L’idée est de faire faire à son corps des mouvements, gestes et émotions pour écrire et raconter une histoire. Mais laquelle ? « L’histoire des femmes katangaises qui, entre 1961-1962, se sont levées pour dire non à la politique ségrégationniste du pouvoir colonial d’antan », répond l’artiste. Elle explique : « C’était à Lubumbashi, où la limite-Sud (actuelle avenue Likasi), séparait les quartiers noirs indigènes de ceux des blancs. » 

Il faut dire que ce projet s’est développé par la production d’une vidéo au titre éponyme de 21 minutes 41 secondes. Un chef d’œuvre, qui relate la lutte de ces femmes, face à l’oppresseur blanc, qui leur interdisait l’accès à certains coins de leurs propres terres.

Pour la danseuse-chorégraphe, cette histoire mérite d’être enseignée aux jeunes filles. « C’est de cette façon que la femme congolaise passera de l’observatrice à l’actrice dont le pays a besoin pour décoller », estime Sarah Mukadi. 

 

*Cet article est produit en partenariat avec  l’ONG Coopération Education Culture (CEC – Bruxelles), l’Institut pour la Démocratie et le Leadership politique (IDLP-Kinshasa) et l’association Investing in People (IIP – Kinshasa) dans le cadre du programme BOKUNDOLI. En savoir plus sur le programme Bukundoli

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion