Sur base de l’expérience des élections passées, les candidats venus de la diaspora pour les élections n’ont pas fait long feu. L’exemple le plus marquant, c’est celui d’Oscar Kashala. Il est apparu avant les élections de 2006 et a disparu juste après jusqu’à ce jour. Sommes-nous face à un autre cas de ce genre ovni ? Nous avons échangé avec Noël Tshiani, un autre candidat à la présidentielle venu d’Europe. Pense-t-il pouvoir remporter l’élection présidentielle prochaine après avoir passé 41 ans à l’étranger ?
Mardi 16 octobre, de 13 à 14 heures, je me suis entretenu avec le candidat Noël Tshiani Muadiamvita dans sa belle villa de Kinshasa. Notre discussion a tourné essentiellement autour de la possibilité pour lui, Congolais ayant vécu à l’étranger pendant de nombreuses années, d’être élu à la magistrature suprême aux prochaines élections en RDC. Bien vêtu, d’une veste noire, chemise bleue et cravate rouge, Noël Tshiani Muadiamvita nous a donné l’impression d’un candidat sûr de remporter la présidentielle du 23 décembre. En tout cas, il y croit.
C’est depuis 1977, soit depuis 41 ans, que Noël Tshiani Muadiamvita a quitté le sol congolais pour l’Europe où il a vécu pendant toutes ces années. Après une longue expérience professionnelle sur le vieux continent, il se réclame être un produit congolais, car dit-il, « j’ai étudié avec l’argent des contribuables congolais et je suis revenu pour être utile à mon pays, c’est à dire, devenir président de République ».
Peut-on prétendre diriger un peuple qu’on n’a pas connu 41 ans durant ?
Inconnu des Congolais, il est également reproché à Noël Tshiani de ne pas avoir sillonné toute l’étendue du pays. En réponse à ce reproche, ce candidat dit de la diaspora rétorque que « ce pays a été géré par des gens qui n’ont vécu qu’à l’intérieur du pays mais pas grand chose n’a changé ». Et d’ajouter : « On a connu quatre chefs d’Etat qui connaissaient très bien le Congo, mais nous sommes toujours le pays le plus pauvre du monde, le plus corrompu de la planète et 85% de la population se trouve au chômage. [Voilà] le résultat des gens qui semblaient pouvoir connaître le pays mieux que quiconque. »
Pour Noël Tshiani, avoir vécu au Congo ces dernières années n’est pas un critère important pour devenir président de la République. Par contre, dit-il, « élire à la magistrature suprême un Congolais qui a vécu à l’étranger, dans un pays développé, serait une meilleure solution pour le développement de la RDC ».
Pourquoi attendre les élections pour revenir ?
A cette question Noël Tshiani se justifie en présentant son travail. « Quand on travaille à la Banque mondiale, on n’est pas autorisé à travailler pour son propre pays. J’avais donc des contacts très limités en RDC sur le plan professionnel. Mais exceptionnellement, je revenais de temps à autre dans mon pays. A l’époque, quand Laurent Désiré Kabila est devenu président en 1997, j’ai co-présidé la commission de réforme de la monnaie qui a conçu le franc congolais. Et c’est moi qui avais demandé au président Kabila père de ne pas mettre sa photo sur les billets de francs congolais, comme le Zaïre monnaie qui avait les photos de Mobutu. Le franc congolais que vous voyez est en partie mon œuvre. »
Ainsi, c’est donc grâce à Noël Tshiani que le franc congolais ne porte pas la photo de Laurent Désiré Kabila. « J’avais également convaincu Mzee Kabila de retirer les membres du gouvernement du conseil d’administration de la Banque centrale car cela enlèverait à la Banque centrale son indépendance, c’est-à-dire la crédibilité de la politique monétaire tant au niveau national qu’international », déclare Noël Tshiani.
L’homme promet de créer les conditions de paix et de sécurité pour permettre aux jeunes d’évoluer dans de bonnes conditions, afin de se concentrer sur des choses essentielles telles que leurs études. Cependant, à l’heure actuelle les Congolais n’ont plus besoin de beaux discours. Nous en avons entendu assez. Plus d’une fois, nous avons fait confiance à ceux qui ont vécu avec nous plusieurs années et qui connaissent la misère du pays. Et une fois élus, ils n’ont pensé qu’à leur propre ventre. Pensez-vous que le choix d’un candidat de la diaspora puisse être la solution qui changera la situation tragique de la population ?