C’est bientôt l’élection des députés et du président de la République en RDC. La campagne évolue, tant bien que mal jusqu’ici. Les promesses électorales aussi se multiplient, certaines plus irréalisables que d’autres. Ci-dessous, la lettre ouverte de Costa Tshinzam à l’électeur congolais. Il lui demande d’ouvrir les yeux et les oreilles pour ne pas contribuer à la démagogie.
Cher électeur,
Je voudrais d’abord te remercier [on peut bien se tutoyer ? Ça fait plus intime !] pour les énormes sacrifices que tu as consentis jusqu’ici, pour que notre pays arrive à une nouvelle expérience en matière d’élections. Je te remercie puisque ce combat que tu continues de mener s’inscrit dans la continuité de celui entamé et poursuivi par certains de nos compatriotes qui n’ont pas hésité à payer le prix fort de la liberté et du droit de se choisir des dirigeants.
Je pense à Patrice Emery Lumumba et M’zee Laurent Désiré Kabila, nos héros. Mais aussi à ces héros désormais au pays de l’ombre : Etienne Tshisekedi Wa Mulumba, Rossy Mukendi et ceux qui continuent à se battre pour un Congo fort et prospère, où désormais, le pouvoir ne s’obtiendra plus que par la voie des urnes. Mais comme tu le sais, il ne s’agira plus dorénavant de n’importe quelles élections ! On veut des élections justes.
Cher électeur, tu n’es plus un gamin
Depuis 2006, tu es convoqué pour user démocratiquement de ton droit de confier la gestion de ton pays à tes représentants. Comme un enfant qui balbutie, tu as exercé ce droit parfois avec confusion et maladresse. Et c’est normal, puisque tu venais de voir ce système naître des cendres de la dictature. « L’erreur est humaine, mais persévérer dans l’erreur est diabolique », disaient les Romains.
Si donc hier tu as voté sur la base de considérations tribalo-ethniques ou autres, aujourd’hui, l’histoire te donne l’occasion de corriger tes erreurs afin de ne pas hypothéquer l’avenir de la RDC. « Ne jamais trahir le Congo », disait à son tour, M’zée Laurent Désiré Kabila. En votant sur la base des mérites, cette fois, seul devant ta conscience, tu sauras si tu as utilisé dans le bon ou le mauvais sens, le testament que nous a légué L.D. Kabila.
Défends donc ton indépendance, tu es très fort !
Tu le sais bien, cher électeur, c’est la période de la campagne électorale. Et, ils sont nombreux ceux qui viendront chercher à te séduire tels des renards, pour arracher ton suffrage. Ils viendront munis de grains de riz, quelques millilitres d’huile, des kilogrammes de poissons et des t-shirts à leurs effigies, promettant monts et merveilles.
Face à ces biens qui remplissent la panse et couvrent une nudité qui ne saurait durer le temps d’un mandat électif de cinq ans, tu as le choix d’être du côté de la dignité. « Car sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité, et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres », écrivait Lumumba avant de mourir ! Il ajoutait encore : « Je sais que mon pays qui souffre tant, saura défendre son indépendance et sa liberté. » L’occasion est là de défendre l’indépendance et la liberté du Congo, par la voie des urnes.
J’en appelle donc à la conscience collective, pour que la gestion des institutions de notre pays, demain, soit confiée à des personnes qui le méritent et veulent le bien de notre pays. « Le peuple gagne toujours », et c’est en étant ensemble.