Avec l’avènement des chaines câblées, les horizons de divertissements devant les petits écrans se sont élargis. Si les hommes ont vu les chaînes de sport s’inviter dans leurs salons, les femmes sont elles tombées folles d’amour pour les telenovelas, ces feuilletons luso-hispaniques télévisés et traduits en français, pour le grand bonheur des dames !
Désormais c’est la guerre sur la télécommande : Monsieur ne doit plus regarder ses matchs de football quand passent des feuilletons comme « Un cœur de passion », « Frijolito » ou encore « Luna ». Il y en a des dizaines, ces séries prisées par les dames, mais qui n’intéressent pas les messieurs !
Telenovelas ou nouvelle drogue des femmes ?
Telenovelas est un mot espagnol, formé par les mots télé qui veut dire « télévision » et novela qui veut dire « roman ». Les femmes des quatre coins de la RDC sont unanimes quant à leur passion pour ces longues histoires diffusées à la télévision. Elles disent apprendre et en recueillir des conseils d’amour. De Goma à Kisangani et de Lubumbashi à Kinshasa, la passion est la même pour ces telenovelas, mais à des doses différentes selon que l’on est femme au foyer ou travailleuse.
Flore Bendela, directrice commerciale d’une société de Goma, témoigne : « Je pense que ce sont des séries bien conçues. Peut-être même qu’elles ne tirent pas leur source d’histoires vraies. Mais tant que cela m’inspire, m’encourage et me permet de comprendre un contexte amoureux ou n’importe quel autre problème, je me dis que ça vaut la peine de rester branchée sur Novelas ». Elle ajoute : « Ma série préférée intitulée ‘‘La maison d’à coté’’ est conforme à une partie de mon histoire amoureuse. On dirait qu’ils ont copié mon histoire. Ça me fait découvrir qu’il n’existe pas un peuple sans difficulté, sans amour, sans une vie normale comme la mienne. »
Gracia Bundi, étudiante à l’Institut facultaire des sciences de l’information et de la communication, IFASIC de Kinshasa, ne s’inspire pas toujours des telenovelas, mais elle y a tiré une fois quelques leçons : « J’adore la série ‘‘Terre de passion’’. J’ai appris que quand on y croit, l’amour triomphe toujours. » Elle déplore malheureusement le fait que toutes ces séries sont tournées sur base des mêmes idées, à savoir : le problème des classes sociales dans l’amour, l’amour par intérêt, le complot ou encore la perversité. Mais cela ne limite pas sa passion pour Novelas.
Sylvie est de Kisangani. Célibataire, elle travaille comme psychologue clinicienne. Elle vit seule et n’est pas souvent à la maison. « C’est à cause de la solitude que je regarde quelques fois les séries Novelas », affirme-t-elle. Peu importe les leçons à tirer de ces séries, elle ne partage pas l’idée que les femmes et les filles restent prisonnières de ce programme sur les médias.
De son côté, Mira Mulimbi de Lubumbashi s’en inspire pour changer son look et son accoutrement. Mais, elle souligne : « Ces séries ne traduisent pas vraiment ma relation amoureuse. J’aimerais bien que cela soit ainsi parce que dans Novelas tout est parfait, tous les garçons sont beaux. »
Quand c’est telenovelas, on ne zappe pas !
Observez ces femmes quand elles regardent leurs telenovelas, on dirait qu’elles sont en extase. On ne zappe pas pour éviter des incidents en famille. Et là ce sont les hommes qui subissent les conséquences. Gracia Bundi de Kinshasa n’hésite pas à le dire : « Dans mon cas, la maison est occupée à 95% par des femmes qui aiment ces telenovelas. On ne zappe donc pas. Les 5% d’hommes qui sont là n’ont qu’à subir ! »
Les fournisseurs de chaînes câblées ont compris qu’en RDC les femmes aiment ces feuilletons. Ils ont alors mis les chaînes qui les proposent dans des bouquets un peu plus chers. Il y a donc un prix à payer pour les foyers quand il faut à chaque fois renouveler le bouquet.
Certains dérapages dans les foyers sont liés au fait qu’il y a des femmes qui aimeraient vivre exactement les réalités exhibées dans ces séries. C’est par exemple l’envie de modeler son homme selon l’image que présentent certains acteurs de Novelas. La guerre de la télécommande peut devenir une vraie guerre à la maison quand par exemple le repas est brulé parce que madame était devant la télé… Alors je reprendrai ici ce vieux conseil : « Tout excès nuit, il faut tout modérer. »
Un bel article qui décrit les réalités modernes de ce que vit notre société. Merci…
Merci !