Hakizimana Bianze (nom d’emprunt) est un jeune Congolais âgé d’une trentaine d’années et originaire de la province du Nord-Kivu. Il a été victime de discours de haine liés à son appartenance ethnique. Une réalité qui alimente des tensions socio-politiques persistantes dans la région.
Malgré cette situation, Hakizimana s’est engagé dans la lutte pour la justice sociale et la cohésion intercommunautaire. Son parcours est marqué par une résilience exceptionnelle face aux discriminations dont il a été la cible. Aujourd’hui, il milite pour un avenir où toutes les communautés de la RDC pourront coexister dans le respect et la dignité.
Hakizimana est ressortissant du Masisi, un des territoires durement touchés par des tensions socio-politiques dans l’est de la RDC. Son témoignage illustre les souffrances silencieuses de nombreuses victimes de tribalisme. Cela met en lumière l’urgence de promouvoir un dialogue inclusif et une culture de paix dans les zones affectées par les conflits.
Ce jeune Congolais a répondu aux questions de Dieudonné Mango de Habari RDC. Interview :
Pouvez-vous nous parler de violences dont vous avez été victime en raison de votre ethnie
Hakizimana : Oui, bien sûr. Depuis plusieurs années, les tensions intercommunautaires dans le territoire de Masisi ont pris une ampleur dramatique. Mon village, comme beaucoup d’autres, a été ciblé en raison de ces conflits. Un jour, des hommes armés ont attaqué notre localité, incendié des maisons et pillé nos biens. Ils s’en prenaient aux habitants uniquement à cause de leur appartenance ethnique.
J’ai été victime de discours de haine de la part de mon entourage. Je dirais même, victime de blessures. Les mots peuvent marquer profondément, surtout quand ils viennent de ceux qui nous entourent.
Pouvez-vous décrire ce qui s’est passé lorsque votre maison a été brûlée ?
C’était une nuit de chaos et de peur. Nous avons entendu des coups de feu au loin. Et rapidement, les assaillants sont arrivés. Ils criaient des menaces, forçaient les portes et mettaient le feu aux maisons. La mienne n’a pas été épargnée. Nous avons juste eu le temps de fuir avec quelques vêtements sur le dos. J’ai vu des voisins être tués, d’autres battus. C’était une scène de terreur.
Comment avez-vous réussi à fuir jusqu’à Goma ?
Après la destruction de notre village, nous avons dû nous cacher en brousse pendant plusieurs jours, survivant avec très peu de nourriture. Finalement, avec d’autres rescapés, nous avons pris la route vers Goma à pied. Le trajet était dangereux : il y avait des groupes armés sur le chemin, et nous devions éviter les embuscades.
Nous avons marché des kilomètres, certains sont tombés malades en route. Arrivés à Goma, nous avons cherché refuge dans des camps de déplacés, mais la peur nous hantait toujours.
Comment avez-vous vécu l’arrivée des rebelles du M23 à Goma ?
L’entrée du M23 dans la ville a ravivé notre traumatisme. Nous avions fui Masisi pour nous mettre à l’abri, mais ici aussi, la guerre nous a rattrapés. Il y avait une grande incertitude : certains fuyaient encore plus loin, d’autres cherchaient comment survivre dans cette nouvelle occupation. Personnellement, je me sentais pris au piège, sans savoir où aller.
Aujourd’hui, comment voyez-vous la situation et quels sont vos espoirs ?
La situation reste instable. Beaucoup de personnes déplacées, comme moi, vivent dans la précarité. Nous avons perdu nos maisons, nos terres, et même nos proches. Ce que nous voulons, c’est la paix et la possibilité de rentrer chez nous en sécurité. J’espère que la communauté internationale et notre gouvernement prendront des mesures concrètes pour mettre fin à ces souffrances.
Monsieur Hakizimana, merci beaucoup pour votre témoignage
Merci à vous de donner une voix aux victimes de ce conflit.