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La tentation de la dictature éclairée : mirage ou poison pour le RDC ?

Certains pensent que parfois la dictature est préférable à une mauvaise démocratie. Pour eux, « un dictateur éclairé pourrait remettre le Congo sur la voie du développement ». Ce discours est souvent accompagné de critiques à l’égard de Lumumba et ses compagnons, les accusant d’avoir réclamé trop tôt l’indépendance, avant que le pays ne soit prêt.

Pour moi, cette rhétorique cache une amnésie historique, une incapacité collective à se responsabiliser et à reconstruire le pays après des années de destructions. Les partisans de ce discours oublient que sous le règne de Léopold II et la colonisation belge, près de 10 millions de Congolais ont péri dans des travaux forcés, notamment l’exploitation des ressources au seul profit du colonisateur.

Face à un tel passé, il est ridicule de reprocher à  nos pères fondateurs d’avoir « réclamé l’indépendance dans la précipitation ». Les Congolais ont fini par développer une sorte de syndrome de Stockholm. Une vision qui tend à justifier les atrocités de la colonisation et à ignorer la soif de liberté des pères de l’indépendance, prêts à tout pour se libérer du joug de l’oppression.

Cependant, ce désespoir n’est pas tout de même sans raison. La République démocratique du Congo est enlisée dans un marasme multisectoriel profond, poussant certains à regretter, par une étrange ironie, leurs anciens bourreaux. Cette nostalgie amère devrait plutôt inciter les dirigeants actuels à mouiller le maillot et à mieux faire. Car, lorsque l’on commence à désirer l’époque coloniale, c’est la preuve qu’après l’indépendance, ils ont lamentablement failli à leur mission de nous rendre fiers, comme citoyens d’un pays riche et prospère.

Eclairée ou non, la dictature n’est pas la solution

Le souvenir du tristement célèbre Mobutu plane encore. Beaucoup ont été témoins de ce que la dictature peut produire : répression sanglante, corruption endémique, népotisme, gaspillage des ressources et paupérisation systématique de la population. Réclamer aujourd’hui un dirigeant autoritaire, éclairé soit-il, c’est ignorer le calvaire vécu sous le maréchal du Zaïre. Le Congo doit plutôt repenser sa gouvernance, orienter la gestion de manière à ce que les citoyens profitent pleinement de richesses de leur pays, réformer le mode de désignation de leurs représentants dans les institutions… Le tout, sans jamais sacrifier la démocratie et les libertés fondamentales, valeurs pour lesquelles tant de Congolais se sont battus.

Un avenir bâti sur le respect des lois

Le vrai mal du Congo ne réside pas dans la démocratie elle-même, mais dans le mépris de ses lois. Lorsque les détournements de fonds publics sont légion, et que les responsables échappent presque systématiquement à la justice, ce n’est pas la faute de la démocratie.

 

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