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#Univsansharcelement : je ne veux pas rencontrer ce professeur

L’histoire de Sharon (nom d’emprunt), une jeune étudiante dans une des universités de Mbujimayi. Elle se dit traquée comme un gibier par un professeur qui lui fait des avances. Mais elle ne veut pas céder. Elle ne peut pas dénoncer non plus, de peur que le prof ne nuise à ses études. Seulement voilà, cette situation devient de plus en plus insupportable pour elle. 

Sharon est presqu’une amie à moi. On vit dans le même quartier. La dernière fois, je l’ai croisée lors d’un match de football féminin. Un match joué un avant-midi. Nous faisions route ensemble pour rentrer à la maison. Tout d’un coup, la jeune fille s’arrête et me dit : « S’il te plait Placide, prenons une autre route. » Je dis : pourquoi ? Qu’est-ce qui ne va pas, Sharon ? À ce moment-là, elle m’avait l’air vraiment embarrassée, mais ne voulait pas dire pourquoi. 

J’ai tellement insisté qu’elle a fini par parler. Elle dit : « Placide, je ne veux pas croiser ce professeur-là. Il m’invite toujours à l’hôtel où il est logé. Mais je ne veux pas y aller. Quand il me voit, il aime me toucher sur le corps, en présence de mes amis. Ça me gêne. Mais je n’ai pas le courage de le lui dire. »

Comme elle insistait, nous avons dû changer de direction pour éviter l’avenue qui passe par devant l’hôtel. Mais cette histoire m’a vraiment choqué. Sharon m’a dit qu’elle joue à ce jeu de cache-cache avec son prof depuis 3 mois. « Il m’appelle au téléphone, me brandit l’argent, les points… Et je lui promets toujours que je viendrai. Il ne se fatigue pas, et moi je trouve toujours une astuce pour lui échapper », explique Sharon. J’ai dit à cette jeune fille que se cacher devant un harceleur n’est pas la solution. Il faut le dénoncer, et que je pouvais l’aider à le faire. Mais ce n’était pas une décision facile à prendre pour elle. 

Au moment de nous séparer, j’ai posé cette question à Sharon : comment comptes-tu faire pour mettre fin à cette situation ? Avec hésitation, elle répond : « Je ne sais pas. Je sais qu’il veut coucher avec moi. Mais il ne m’aura pas. Je vais continuer à l’esquiver jusqu’à ce qu’il se fatigue. Comme ça il ira chercher ailleurs. » 

J’ai compris combien les étudiantes harcelées souffrent. Voilà que Sharon est obligée de choisir même la route où elle doit marcher, de peur de rencontrer son harceleur. À mon avis, dénoncer est la seule arme efficace dont elle peut faire usage pour se tirer d’affaire. 

 

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Les commentaires récents (2)

  1. Commentaire *Ne nous voilons guère la face. Le phenomène des harcelements sexuels que nos filles, nos soeurs,nos femmes subissent des éminents profs et de leurs assistants au cours de cursus académiques, est connu de nous tous. Mais face à leurs bourreaurs pervers,ces filles,ces soeurs ont-elles une oreille pour écouter et entendre leurs calvaires? ont-elles les moyens et des mecanismes pour se faire entendre? et ensuite se sentir protégées par la société congolaise par des termes juridiques plus sécurisants. À la place des sorties médiatiquès.