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Union nationale ou division ? Les contradictions du gouvernement congolais face à la crise sécuritaire

Depuis plusieurs semaines, le gouvernement congolais semble s’être lancé dans une vaste « campagne d’éveil patriotique », notamment pour encourager les jeunes à s’enrôler dans l’armée. Officiels en tournée, discours enflammés, appels à la mobilisation… Cette opération, financée sur le dos du contribuable, prend des allures de campagne électorale, alors même que la RDC traverse une crise sécuritaire majeure.

Dans cette dynamique, un membre du gouvernement se distingue particulièrement : Jean-Pierre Bemba, vice-Premier ministre et ministre des Transports et des Voies de communication. Ses sorties médiatiques répétées contre l’ancien président Joseph Kabila ne passent pas inaperçues. À plusieurs reprises, il a qualifié Kabila d’ « étranger », de « Rwandais », et l’a accusé d’être derrière le mouvement rebelle du M23.

Un silence complice du gouvernement ?

Curieusement, ni le président Tshisekedi ni aucun autre membre du gouvernement n’a jugé bon de recadrer Bemba. Ce silence pose question : est-ce une prise de position tacite du gouvernement ? Une stratégie politique en vue de l’éventuelle formation du gouvernement d’union nationale annoncée récemment ?

Comment parler d’union nationale quand un haut responsable adopte un discours clivant, susceptible d’exacerber les tensions ethniques ? L’urgence n’est-elle pas plutôt de concentrer les efforts sur la résolution du conflit à l’Est, plutôt que d’attiser les divisions politiques et ethniques ?

Une posture contre-productive face au M23

Le paradoxe est d’autant plus frappant que les rebelles du M23 justifient une partie de leur combat par le rejet de leur nationalité congolaise et les discriminations présumées dont les populations Tutsies du Congo seraient victimes. Or, en ciblant Joseph Kabila sur des bases ethniques et en insinuant qu’il est un étranger, Jean-Pierre Bemba alimente indirectement les accusations portées contre Kinshasa.

Ce type de rhétorique est non seulement dangereux, mais aussi contre-productif sur le plan diplomatique et stratégique. Plutôt que de répondre aux défis sécuritaires par une union nationale réelle, certaines figures du pouvoir semblent préférer un discours de division qui pourrait desservir la cause du gouvernement.

Un appel à la responsabilité

La priorité devrait être la recherche de solutions concrètes pour mettre un terme à la guerre et assurer la sécurité des populations. Loin des rivalités politiques et des règlements de comptes, c’est une vision inclusive et cohérente qui devrait guider les actions du gouvernement. Si le discours officiel prône l’union nationale, il est urgent que les actes suivent.

 

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