En pleine période pré-électorale, le président de la RDC a inauguré, à Kinshasa, une unité de l’entreprise « Suprême automobile » proche de Joseph Kabila. Un montage Tshisekedi-Jagtani, Kabila ?
A quelques mois d’une élection présidentielle à laquelle l’actuel chef de l’Etat congolais Tshisekedi est candidat, toute activité présidentielle est sujette à plusieurs niveaux de lecture. Samedi 10 juin 2023, le site de la présidence ne boudait pas son plaisir, annonçant l’inauguration, au quartier industriel de la commune de Limete à Kinshasa, de la première usine de montage de bus Mercedes Benz en RDC, « plus de 30 ans après le départ du géant américain de l’automobile, General Motors ». Un « retour d’une industrie automobile au Congo » qui constitue du pain béni pour Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.
« 25 bus par mois, 500 emplois créés »
Avec une capacité de production de 25 bus « haut de gamme » par mois, l’unité de montage et de fabrication de carrosseries aurait déjà créé 500 emplois directs pour les jeunes Congolais et pourrait limiter sensiblement les importations de véhicules, au profit de la production locale. Productrice des modèles Mercedes Benz 1723 –49 places assises– et Mercedes Benz 917 –39 places assises–, l’usine de Limete assurera le service après-vente et la commercialisation des pièces de rechange.
Et la communication officielle de ramener ce succès annoncé au président-candidat : « C’est la matérialisation de la vision du chef de l’État qui veut faire de la RDC un État prospère à travers une industrialisation progressive », grâce à « l’amélioration du climat des affaires » qui « est une réalité que reconnaissent les investisseurs étrangers ».
Une propriété d’un proche de Joseph Kabila
Face à la débauche médiatique de ce week-end, des organes de presse se sont sentis obligés de rappeler que l’usine de montage n’est pas une création étatique. Elle est plutôt un démembrement de l’entreprise « Suprême Automobile », propriété de l’homme d’affaires indien Harish Jagtani. Un nom qui résonne aux oreilles des observateurs de la politique congolaise. Celui qui a bâti un empire, en une quinzaine d’années, est fameux pour sa proximité avec l’ancien régime de Joseph Kabila. Certains n’ayant pas hésité à supputer un rôle présumé de prête-nom, dans certaines affaires.
Au-delà de la dénonciation de récupération politicienne de la mondanité de ce week-end, c’est donc sur le ton de la controverse que certains tentent de relier virtuellement Kabila, Jagtani et Tshisekedi. Or, si la possible proximité de « Fatshi » avec son prédécesseur a marqué l’arrivée au pouvoir de l’actuel chef de l’Etat, tout l’enjeu du mandat en cours a consisté à recomposer le paysage politique par le tissage fastidieux d’une « Union sacrée » expurgée de kabilistes. L’ombre de Joseph Kabila planera-t-elle sur le prochain scrutin ?