Victime de menaces pour avoir porté un masque contre le covid-19

À Mbujimayi, sous prétexte de leur foi religieuse, beaucoup refusent de se soumettre au respect des gestes barrières (se laver les mains, porter un masque, respecter la distanciation…) Ils disent être sous la protection divine et que par « la foi la pandémie n’entrera jamais à Mbujimayi ». Raison pour laquelle, certains n’hésitent pas à user de menaces contre ceux qui portent des masques et qui respectent les gestes barrières.

Vendredi 9 avril, Jeannette se rend au marché central Bakwa Dianga pour faire des achats dans le cadre des préparatifs du premier anniversaire de son fils. Sachant que dans un marché, les gestes barrières sont difficiles à respecter, elle a pris la précaution de porter un masque. Mais elle en a eu pour son compte.

« Va te faire foutre avec ton masque ! »

A l’entrée du marché Bakwa Dianga, la mairie a installé un dispositif de lavage des mains. Mais cela ne suffit pas pour protéger contre la maladie dans un milieu grouillant de monde comme un marché, car sitôt entre les stands, les ruelles sont étroites et les gens se touchent les corps en passant dans tous les sens… D’où l’importance de porter un masque. Jeannette l’a fait mais cela était mal vu par les gens du marché. Elle a été victime d’une avalanche d’insultes et de menaces simplement parce qu’elle avait porté ce cache-nez. De partout, ça criait sur elle : « Qui d’autre as-tu vu en masque dans ce marché ? » « Que veux-tu montrer par cela ? Que tu es une blanche ? » « Vas te faire foutre avec ton masque ! »…

D’autres disaient : C’est donc toi qui souhaites que la pandémie vienne à Mbujimayi ? Sache que c’est toi-même qui mourras du coronavirus malgré ton cache-nez ! »… Jeannette s’est mise à pleurer. Elle a demandé pardon, mais en vain. Et plus elle apparaissait affectée par ces provocations, plus ça criait plus fort contre elle. Elle a quitté précipitamment le marché sans avoir fini de faire les achats prévus.

Voilà comment on décourage les gestes barrières à Mbujimayi. Raison pour laquelle, pour éviter d’être stigmatisés, beaucoup ne mettent pas de masques.