Condamné à 20 ans de prison, puis à 13 ans en appel, Vital Kamerhe a finalement été acquitté pour manque de preuves. Quid alors des 50 millions de dollars de deniers publics pour le détournement desquels il avait été condamné ?
Lors du fameux procès dit de « 100 jours », l’ancien directeur de cabinet du président Tshisekedi, Vital Kamerhe, avait toujours clamé son innocence et dénoncé un procès politique. Il obtient aujourd’hui gain de cause. La Cour d’appel de Kinshasa l’a acquitté pour absence de preuves pouvant justifier son maintien en prison.
Du coup, si Kamerhe est innocent, il faudra alors qu’on nous désigne le vrai coupable de détournement de plus de 50 millions de dollars alloués aux logements sociaux. Le droit a-t-il été sacrifié sur l’autel des arrangements politiques ?
Un procès retentissant pour rien ?
La justice congolaise avait pourtant enquêté et établi la disparition de plus de 50 millions de dollars de fonds destinés à la construction des maisons préfabriquées à Kinshasa et dans certaines provinces du pays.
En 2019, Tshisekedi venait d’accéder au pouvoir et le gouvernement intérimaire de Bruno Tshibala n’avait pas le droit de décaisser des fonds autres que ce qu’il fallait pour la gestion des affaires courantes. Les grandes dépenses ne pouvaient donc être engagées sans l’aval de la nouvelle équipe de la présidence de la République. Et c’est Vital Kamerhe qui était le directeur de cabinet du président.
Où sont partis les 50 millions ?
Acquitter Kamerhe est une chose, mais prouver la destination des plus de 50 millions de dollars disparus du Trésor public va être une autre. Les fameux logements sociaux n’ont pas été achevés, alors que les fonds ont bel et bien été déboursés. Si ce n’est pas Kamerhe le coupable, la justice va devoir nous présenter le vrai détourneur. On ne lâchera pas l’affaire, car c’est l’argent du contribuable congolais.
La justice devra également poursuivre l’État congolais pour abandon d’un projet qui a coûté des millions au Trésor public. Les quelques maisons préfabriquées qui avaient déjà commencé à être construites sont aujourd’hui abandonnées à leur triste sort et se dégradent sans être habitées. Elles sont envahies par la brousse et ce sont les serpents qui vivent dedans. C’était donc de l’argent public jeté par la fenêtre.
50 millions de dollars c’est quand-même une fortune qui aurait pu être utilisée par exemple à payer les enseignants, nourrir les orphelins, réhabiliter les routes de desserte agricole…