La formidable manne des ressources minières du Haut-Katanga ne profite pas à la voirie urbaine de cette province. Plusieurs routes ne sont plus en bon état : trop de bosses et de creux. Pendant la saison des pluies, l’eau envahit les chaussées, faute d’entretien des caniveaux. Les routes elles-mêmes servent de dépotoir à certains endroits, en raison du manque de système d’évacuation de déchets.
Rouler à Lubumbashi pour les automobilistes, en cette période des pluies, est un véritable défi, admet Jeff Kasongo, chauffeur de taxi. Plusieurs caniveaux ne parviennent plus à évacuer les eaux qui couvrent la chaussée. Plus grave, la plupart des égouts ne fonctionnent plus.
« A force d’éviter les trous qui se forment sur certaines routes très fréquentées, explique le conducteur de taxi Jeff Kasongo, on cause parfois des accidents ». C’est surtout lorsque les chauffeurs empruntent des routes qu’ils n’ont pas fréquentées depuis un certain temps, les retrouvant détériorées.
De vieilles routes recouvertes de couches neuves
Aujourd’hui, personne ne comprend pourquoi il y a un tel degré de détérioration des routes urbaines. C’est parce que qu’elles ne sont pas entretenues ! Certes, le problème de drainage des eaux de pluie se pose à première vue, mais on se rend également compte du vieillissement des routes de Lubumbashi. Certaines datent de l’indépendance ou de l’époque coloniale. Cela fait près de 60 ans.
Lorsque les premiers travaux de réhabilitation ont commencé en 2007 sous Moïse Katumbi, alors gouverneur du Katanga. Certaines routes ont été réfectionnées en surface pour des besoins urgents, et sans doute elles ne pouvaient qu’avoir une courte durée de vie. Le plus surprenant c’est qu’après Katumbi, les mêmes méthodes ont continué. On fait du neuf avec du vieux à l’intérieur ! En d’autres termes, on a érigé le « provisoire » en mode de construction. Le résultat c’est qu’il faut chaque fois reprendre les travaux de zéro.
Province riche aux routes délabrées
Le Haut-Katanga dispose d’immenses ressources en minerais : le cuivre et le cobalt, pour ne citer que ces deux. L’Office de gestion de la voirie urbaine, qui s’applique à recoller les lambeaux des routes, avoue ne pas avoir de moyens pour faire quelque chose. Les autorités locales se contentent d’octroyer des contrats juteux de construction des routes de plusieurs kilomètres à des sociétés privées, chinoises en particulier. A l’Office de gestion de la voirie – un établissement public – la tâche semble se limiter à boucher des trous. Ce qui n’améliore rien à la situation.
« C’est vraiment révoltant que je paye chaque jour des taxes pour rouler pendant de longs mois sur des routes qui se détériorent », se plaint Jeff Kasongo. La question que les chauffeurs se posent est finalement de savoir à quoi servent ces taxes et tous ces minerais évacués chaque jour par la route. La détérioration des routes a déjà fait l’objet d’interpellation des membres du gouvernement au Sénat congolais. Mais pas de résultat jusqu’ici.