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Vol et viols à Lubumbashi : on n’exploite pas les indices laissés par les bourreaux

On n’en a pas fini des braquages de maisons la nuit à Lubumbashi. Et chaque vol est presque systématiquement accompagné des viols. D’où le nom de voleurs-violeurs attribué aux auteurs de ces crimes. Au cours d’une tribune populaire organisée à la mairie de la ville en mars, je me suis rendu compte qu’il y a d’importantes pistes qui ne sont pas exploitées pour traquer les suspects. Par exemple, les hommes en uniforme de la police et de l’armée sont souvent cités par les habitants. D’ailleurs, la police et l’armée ne sont plus acceptées dans certains quartiers, après des troubles ou des vols. Pourquoi ne pas commencer les enquêtes par-là?

L’insécurité reste un problème irrésolu à Lubumbashi depuis 2016. Au début, elle semblait s’expliquer par la fin brusque de beaucoup d’emplois dans les mines, à la suite de la chute des cours des métaux de 2015. Plusieurs sociétés minières avaient fermé dans le Katanga.

Aujourd’hui, tout cela est passé. Même si tous les emplois n’ont pas repris depuis. Difficile de le dire, tant les chiffres et rapports sont rares à propos. Mais une chose est sûre : toutes les nuits, les habitants redoublent de rages et de violences. Les cambriolages d’hommes armés, parfois en uniformes de l’armée ou de la police, se multiplient avec viols et tueries. Cela, malgré la multiplicité d’opérations de pacification de la ville, des patrouilles ainsi que des indices recueillis sur les scènes des crimes.

Rassembler les preuves, un rituel connu de tous

Chaque matin, après un vol parfois avec viol ou meurtre, tous ceux qui ont assisté à la scène ou entendu quelque chose, livrent leurs témoignages aux enquêteurs et aux médias. Il arrive parfois que certains voleurs soient appréhendés. Quelques-uns ont même été reconnus comme policiers ou militaires en fonction. Mais une autre question : sachant qu’il faut des autorisations spéciales pour qu’un citoyen lambda ait le droit de porter une arme, et qu’aucun marché d’arme n’existe au Congo, il ne fait aucun doute que les armes sont détenues préférentiellement par les agents de l’ordre. Alors comment expliquer que les bandits se les approprient pour commettre leurs crimes ?

C’est ce qui m’amène à me demander pourquoi la justice n’exploite pas ces pistes (indices)? Puisque malgré les nombreuses enquêtes annoncées, et la somme d’indices collectés, on ne sait toujours pas qui est derrière ces vols qui ne cessent de terrifier la ville cuprifère, on ne sait pas qui sont ces voleurs et qui leur donne les armes à feu.

Il faut que quelque chose soit fait

Les chiffres recensés par la société civile font froids dans le dos. Durant le seul premier trimestre de 2019, Lubumbashi a totalisé « 1354 cas des cambriolages, 274 viols et plus de 200 personnes tuées ». Malheureusement rien ne semble montrer que bientôt l’Etat viendra à bout de ces violences.

La bonne nouvelle, faut-il garder l’espoir, c’est que le président Tshisekedi a promis, lors de sa première visite, de régler tout ça.

 

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