Mouvement dont la cause première visait à obtenir l’égalité des droits entre les sexes, le féminisme est devenu au fil des ans, un courant de pensée dont les défenseuses s’affichent en opposition au système patriarcal traditionnel. Au-delà de l’égalité, il réclame une émancipation pour laquelle, de nombreux hommes estiment être une menace aux coutumes.
Lors d’une émission télévisée diffusée sur une chaine étrangère, une femme justifiait le refus de remplir son devoir conjugal envers son époux par simple envie, tout en reniant à celui-ci, la latitude de se tourner vers d’autres femmes. Le débat qui s’en est suivi sur les réseaux sociaux a été houleux. Malgré la volte-face de l’invitée qui a affirmé que ses propos avaient été dénaturés, le débat sur la place du féminisme dans la société africaine reste d’actualité. Pour s’opposer à ce courant, des influenceuses congolaises se lanceront dans une campagne en ligne où elles affirment leur soumission volontaire à leurs époux en signe de respect.
En RDC comme dans beaucoup d’autres pays africains, les cultures sont profondément enracinées dans des systèmes patriarcaux qui ont historiquement marginalisé les femmes et limité leur accès aux ressources, au pouvoir et à l’autonomie. Ces normes sociales et les pratiques traditionnelles qui en découlent renforcent souvent les rôles de genre stéréotypés, assignant aux femmes des responsabilités domestiques et les reléguant à des positions subalternes dans la société.
C’est dans ce contexte que le féminisme apparait comme une force de changement, cherchant à remettre en question le système patriarcal et à promouvoir l’autonomisation des femmes. Les féministes africaines, s’inspirant des théories féministes mondiales, articulent des revendications dont certaines sont perçues négativement dans le contexte africain. C’est notamment le fait de refuser de remplir son devoir conjugal par « plaisir », en vertu du droit de la femme de disposer librement de son corps. Si le consentement et la communication sont certes nécessaires dans une relation de couple, une femme pour qui une dot a été payée et qui refuse de satisfaire son mari passe mal.
Malgré ces défis, le féminisme continue de gagner en visibilité et en influence, alimenté par les luttes quotidiennes des femmes pour la justice et l’égalité. Les succès du mouvement, tels que la manifestation contre un féminicide et le harcèlement sexuel, ont gagné l’adhésion de l’opinion publique et mis en lumière ce courant nouveau.
À l’épreuve des cultures, le féminisme représente un processus complexe et dynamique, marqué par des tensions entre les normes traditionnelles et les aspirations à l’égalité des sexes. Alors que les défis persistent, le mouvement offre un cadre qui ouvre la voie à un avenir plus juste et plus inclusif pour les femmes dans nos communautés. Ce qui pose encore problème à mon avis, c’est le fait que jusque-là, les différents courants ne parlent pas tous d’une même voix.