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Portrait-robot du politicien congolais

Nous venons de vivre notre première alternance politique pacifique au sommet de l’État. Est-ce un signe de  maturité de la classe politique congolaise? Pas si vite ! La réponse à cette question reste encore ambiguë au vu de l’image que continue d’afficher le politicien congolais. Je vous présente en quelques lignes son portrait-robot.

Les portraits que je fais ne sont que ma vision de notre société au travers de mes lunettes de blogueuse. Si vous avez un avis contraire, c’est votre droit, rendez-vous sur la page Facebook de Habari RDC pour en discuter.

Le politicien congolais est instable

Il est presque impossible de parler de l’inconstance dans la politique congolaise sans faire allusion au « Kamerheon » en référence au changement de couleurs d’un caméléon. Et oui, Kamerhe, l’actuel directeur de cabinet du président de la République est surnommé « Kamerhéon » en raison de sa capacité à changer d’opinion selon les temps et les circonstances. Rappelez-vous qu’il fut directeur de campagne de Joseph Kabila en 2006. Il publie à l’époque un ouvrage intitulé : Pourquoi j’ai choisi Joseph Kabila ?  Un choix qu’il abandonne quelques années plus tard, en 2010, pour créer son propre parti politique et devenir opposant. Ce n’est pas tout. Son ralliement à Félix Tshisekedi en retirant sa signature de l’accord de Genève, lui ouvre la voie à ce poste tant convoité de directeur de cabinet du chef de l’État.

Un autre exemple de l’inconstance de nos hommes politiques, c’est KinKiey Mulumba, ancien ministre des Relations avec le Parlement. Lui qui ne jurait que par Kabila au point de créer un mouvement dénommé : Kabila Désire, surprend tout le monde en se présentant comme candidat indépendant à la présidentielle. Il va ensuite, en pleine campagne électorale, se désister pour se rallier à Félix Tshisekedi, qui lui aussi venait de retirer sa signature de l’accord de Genève.

Gourmand du pouvoir

A la quête du pouvoir, le politicien congolais est capable de dire un mot le matin et son contraire à midi. Il se  justifiera d’agir ainsi au nom de l’intérêt du peuple et du dynamisme politique. Si la constance politique était l’unique critère pour être un meilleur homme d’État, je rendrais alors des hommages mérités à feu Etienne Tshisekedi. Toute sa vie, le vieil opposant est resté constant et inébranlable dans ses positions, tel un baobab, jusqu’à sa mort.

Même constance aussi du président honoraire Joseph Kabila. Il avait promis qu’il ne se représenterait pas pour un troisième mandat, et il a tenu parole. Il a dit, il a fait malgré toutes les pressions de son entourage.

Facile à corrompre

Vous connaissez cette marque de voiture BMW qui se traduit dans le contexte congolais par Beer, money, women. En français,  bière, argent et femmes. Ce triptyque s’érige malheureusement en péché mignon auquel le politicien congolais n’ose résister. L’argent est l’un des objectifs premiers de plusieurs luttes acharnées des politiques. Souvenez-vous, nous avons eu plus de 15 000 candidats aux législatives nationales, pour 500 sièges. Qu’est-ce qui justifie cette ruée vers le Palais du peuple si ce n’est la recherche d’un emploi bien rémunéré ?

Ils sont riches les politiciens congolais, peut-être même plus riches qu’il ne le faut. Le professeur Luzolo Bambi, conseiller spécial du chef de l’Etat honoraire en matière de lutte contre la corruption, les surnomme des « Kuluna en cravate » (bandits). Il a dénoncé la corruption au sein des Assemblées provinciales lors de l’élection des sénateurs.

Amoureux du djalelo (louanges)

Après la désignation du dauphin de l’ex-président Joseph Kabila, le vice-ministre de l’Intérieur et député ayant obtenu le plus de voix aux élections de 2011, Basile Olongo,  était l’invité de l’émission politique Equipe nationale. Quelle consternation de l’entendre faire son « djalelo » (faire des éloges pour obtenir une grâce) auprès du dauphin en ces mots : « Je suis heureux que le dauphin du président me connaisse. » Je pense qu’il voulait dire : « Assurément, j’aurai un poste de choix dans le gouvernement du dauphin de Kabila. » Basile a pourtant été l’un des journalistes populaires à Kinshasa parce qu’il dénonçait régulièrement les vices de la classe politique congolaise dans son émission Tosolol’ango (Parlons-en).

Ceci devrait servir de leçon à Ndeko  Eliezer Ntambwe, journaliste aujourd’hui élu député national, ayant presque la même histoire que Basile.

Les qualités du politicien congolais

Eloquence, stratégie et patience sont là quelques  qualités du politicien congolais. N’avez-vous jamais apprécié la rhétorique et la souplesse de langage de Lambert Mende lorsqu’il s’agissait de défendre le gouvernement ? Il ne manquait jamais de réponse à une question. Nous avons d’ailleurs recensé certains de ses grands mots pour en faire un petit dictionnaire. Ils sont nombreux ces hommes politiques qui se démarquent par leur intelligence. Mais comme tout être humain, le politicien congolais a aussi ses faiblesses.

Bien des choses à dire sur le politique congolais. Espérons que le ciel soit favorable à ceux qui travaillent sincèrement et sans relâche pour le bien de la nation.

 

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Les commentaires récents (2)

  1. Je suis journaliste blogueur. Je voudrais travailler en partenariat avec vous. J’ai aimé cet article.

  2. politologue en devenir, la rhétorique de votre publication m’a impressionné, continué à refaire car le pays à besoin de vos capacités intellectuelles.